166-CORRIGÉ BTS AVA 2017 " LE DESSIN "


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CORRECTION DU SUJET DE BTS DESIGN D'ESPACE 2017 EN ARTS VISUELS

SUJET A TRAITER : LE DESSIN
Ron Herron ARCHIGRAM, 1964, Walking City, dessin et collage, Projet non réalisé

CORRECTION BTS BLANC 2018 , ÉCOLE DE CONDÉ, NICE,
par deux étudiantes de la section Design d' espace.

PERRIN Julie DE2

Si l’on en crois Alfred L.Yarbus, dans son oeuvre « eyes movements and vision », l’image ne serait pas une fin en soi, elle ne pourrait être prise comme acquise. Il serait donc nécéssaire de considérer un image par le fruit d’un travail de perception et de construction. Le regard serait alors l’outil principal à l’homme par sa capacité à penser, à comprendre et à faire la liaison entre les espaces. Celle ci est donc propre a chacun. Il parcours les espaces et formes comme un dessin par sa ligne de cheminement. Ainsi, l’oeil synthétise de manière graphique des informations relative a la compréhension, c’est donc par le dessin du regard que se forme le début d’un projet.
De ce fait, comme le dévoile Narinder Sagoo dans le livre  « carnet d’architecte », la relation entre l’architecte et le croquis est inévitable et fascinante.
    Nous questionnerons alors le rôle du croquis dans le cheminement de l’idée, et en quoi celui ci est-il si indispensables dans la création ? Pourquoi s'installe-t-il dans la continuité de l’imaginaire ? Ou encore pourquoi devient-il source lui-même de création?
    Pour cela que nous verrons ce que ces médiums apportent au créateur, puis en quoi sont-ils le prolongement de son esprit. Enfin nous analyserons le croquis comme source d’inspiration.

    Pour un architecte, et plus globalement un créateur, pouvoir créer sans contrainte c'est avoir la possibilité d'épuiser son imaginaire et de créer de nouveaux concepts. Cette vision d'une imagination sans limite nous la percevons dans le dessin de Ron Herron, « walking City » quand il propose une ville à l'image d'une gigantesque machine mouvante à la manière d'un insecte. Dans ce cas précis nous voyons bien que le dessin collage et photomontage auxquels se sont adonnés les architectes d’Archigram leur permet d'abolir les limites techniques de leur époque pour penser des concepts futuristes. On retrouve cette même idée d'architectures utopistes, qui ne prennent pas en compte les possibilités techniques de leur époque avec « Plug in city »  où l'idée était de concevoir une ville maintenu par des mas, sur lesquelles chaque habitation pourrait s'accrocher ou se décrocher indéfiniment.
Le dessin n’a ici pas d’exigence de fonctionnalités immédiates, il y a une absence de concrétisation dans le fait de dessiner qui permet à l'architecte de concevoir des choses inenvisageable à l'instant où il le crée. Le dessin sert alors à penser et a chercher, il est un outil de connaissance. En effet, dans les dessins d'intentions de Norman Foster, pour le « Reichstag », on comprend qui lui permettent de multiplier les approches et de tester son concept sans conséquence. Foster met en place sa pensée avec ses dessins, le réel sort de ces recherches de penser. On part du dessin pour arriver au réel. De cette constatation, nous pouvons faire le pont entre le dessin et l’écriture. En effet si le dessin est une tentative du réel par le geste, l'écriture est tout autant oublier au corps. Roland Barthes perçoit l'écriture comme quelque chose qui s’inscrit, qui est reliée à l’origine. Il explique qu'elle ne reproduit pas la parole mais la rend visible. En ce sens l'écriture et le dessin sont des actes qui engagent le corps et qui permettent de traduire la pensée, qui reste elle quelque chose d’inaccessible, en un art du visible. Jean Cocteau écrit « Le dessin c'est une écriture nouée autrement »
En plus de cela, les médiums tel le croquis permettent aux créateurs de garder une certaine spontanéité du geste. Dans le dessin seul entre en jeux le pouvoir d’invention. Quand on observe les esquisses du projet l’hôtel Marquès de Franck Gerhy (1999/2006) , on comprend que les formes, la circulation ou l’atmosphère du projet naissent directement du mouvement spontané de son stylo. C'est croquis sont le reflet de l'immédiateté de son esprit. Dessiner devient alors une esquisse de l’idée de l’inconscient. André Masson nous explique que le dessin rapide est une façon de laisser de cotés la pensée consciente pour ne pas quelle intervienne dans la représentation visible. Les outils de représentation sont ceux qui rapprochent l'architecte de l'homme dans ses créations. On l'observe avec Zaha Hadid, dans les croquis de la salle de concert Jean-Sébastien Bach. Ces dessins semble être le fait de courbe naturellement guidé par la main. Le fait de modéliser par la suite ses dessins c'est aussi une manière de se rapprocher du réel. Dessiner semble être alors une première façon pour le créateur de sortir le concept de son esprit. En effet, dans certains cas, le dessin que tu ne façon de communiquer son art aux autres. Ainsi, quand on passe à l’extérieur, le dessin a une fonction de mon mensuration. Par exemple, Christo vend ses dessins préparatoires comme œuvre à part entière. Par-là, nous comprenons que mettre son imaginaire sur papier a une valeur, et que cela devient un moyen de communiquer son univers.
    Ainsi, c'est par l'absence de contraintes de concrétisation et par l'aspect spontané est communicative du dessin qu'il devient important et nécessaire au créateur.
Cependant comme on peut le remarquer avec Zaha Hadid, le dessin, le trait, la courbe sont comme le prolongement de la main de L’homme. La naissance du mouvement c'est l'imagination propre de l’artiste. Ainsi, les formes courbes que Zaha Hadid imagine sur le papier deviennent réalité et plonge le spectateur dans un univers qui lui est propre. Par la modélisation en 3D, l'artiste s'adresse à l’autre. C'est une manière de se projeter. On peut souligner que dans l'architecture actuelle, la 3D est perçu comme un outil de penser. Certaines architectures sont irréalisables sans outil de modélisation. On place alors le dessin non plus dans un désir de connaissance, mais dans l'idée de partage. Dans son projet  « Vitra Station », Zaha Hadid propose des peintures de sa réalisation. Par-là, elle illustre la fonction démonstrative du dessin face a la création. Le dessin peut alors se percevoir comme un lien entre celui qui créé est celui qui reçoit. Il devient le pont entre l’idée en germe du créateur et la réalisation du projet.
Dans « le cabinet du docteur Caligari » (1920), de Murau, le dessin de forme, deux volumes imprégnés dans l'espace sont la cause de l'ambiance produite. Ainsi, dans le dessin, c’est le regard qui pout le médiateur entre la pensée et la sensation. Il traduit une idée graphiquement, comme on peut le remarquer avec « isotope V02 » de Nonotak qui est une scénographie qui plongent le spectateur dans un univers d’immatériel, tous cela par le biais de traits formés par la lumière et la couleur. Ainsi l'expression graphique est vectrice de sentiments et de sensations. Dessiner revient alors à proposer un univers concrets ou abstraits comme on le remarque dans « walking city ». Il est le moyen de se structurer la pensée de l’homme, de cristalliser son esprit comme pour Norman Foster dans ses multiples croquis de recherche.
Mais le croquis possède aussi une fonction de partage; mettre sur papier c'est un moyen de monstration et donc de la construction d'émotion pour ceux qui y feront face. Ce qui était une sorte de geste sans calcul s’avère être le pont entre l’esprit du créateur et l’oeil de l’homme. Dans la salle de concert de Zaha Hadid, les courbes de son dessin devienne fonction quand elles sont réalisés. Elles sont porteuses de sensations. On retrouve cette même idée avec la « maison Balto », de Antoni Gaudi (1977). En effet dans l'art nouveau l'imaginaire du créateur et facilement perceptible au travers de ses façades ondulées colorées ou mouvantes.
    En conséquence, le dessin est le lien qui relie l'imaginaire à la conception et aux sentiments. Par ailleurs, il devient parfois l'inspiration d'une autre création. On peut remarquer alors qu'il possède une notion dans le temps. Avec  « walking city », Ron Herron a chercher  à dépasser les limites du temps avec son dessin. Nous pourrions penser que son invention serait réalisable dans plusieurs années. Un dessin pourrait alors devenir par lui-même le moteur de nouveaux projets. Nous pourrions par exemple prendre  « la boutique Dior » de Portzamparc comme l’illustration d’une architecture inspirée de croquis. En effet, nous pouvons noté le réel impact des croquis mode de Dior dans l’imagination du drapé qui enveloppe l’architecture de Portzamparc.
Par ailleurs, on peut constater, que le « cubisme » en peinture à inspiré de nombreux architectes contemporains. Lorsque Le Corbusier imagine « la Villa Savoie », il s'inspire en grande partie des tableaux de Georges Braque (peintre cubiste). Ou encore nous pouvons remarquer l'influence du cubisme sur Buren dans son œuvre rotation. Ainsi le dessin dépasse la simple idée démonstrative, mais il peut être le point de départ avant même que le processus d'imagination commence. On peut illustrer cela avec les dessins culturels orientaux qui inspire les moucharabiés. Eux-mêmes ont inspiré les architectures de Jean Nouvel.

    En somme l'instantanéité du dessin, sa capacité à exprimer ce qui serait que pensées fuyantes et par-là, son pouvoir de communication aux autres lui donne un aspect indissociable à la création. Cependant, en observant les arbres,comme naïvement dessinés, du pavillon français de Mallet Stevens à l’exposition d'Arts décoratifs de Paris, nous pouvons nous demander si l'architecture fini, ne serait-elle pas elle-même un dessin?


Chloé Ferrari
DESSINS
En grec, le sens premier de graphein est "faire des entailles", d'où "graver des caractères", écrire, mais aussi "dessiner", ce qui implique dans ce terme une notion générale de trace. Dans le vieux français, le dessin avait la forme de desseing puis de dessein, mot qui a aujourd’hui prit le sens de "projet", "d'intention", de "fin à réaliser". On le retrace également étymologiquement au terme italien designare, "dessiner", plus récemment, à l'origine du terme de design nominatif du domaine des arts appliqués. En anglais, le dessin se traduit "drawing", "art", "sketch" (littéralement croquis en français) ou encore "picture" (image, photographie, instantané). To draw se traduit en français par "dessiner" mais aussi par "attirer", "susciter", on y retrouve donc la notion d'intention. Ce que l'étude de ce terme nous apprend, c'est qu'il y a bien une pluralité du dessin.
Intéressons nous avant tout à la définition complète du dessin :
Art de représenter des objets (ou des idées, des sensations) par des moyens graphiques; par métonymie, ensemble des procédés relatifs à cet art.
Acte de représenter des objets (ou des idées, des sensations) à l'aide de traits exécutés sur un support, au moyen de matières appropriées.
Composition artistique exécutée au crayon, à la plume ou au pinceau.
Figure(s) ornementale(s) servant à décorer un objet et qui présuppose(nt) généralement un modèle exécuté à la main au moyen d'un dessin. DANSE. Attitudes et figures créées par des gestes et le jeu des jambes. MUSIQUE Motif, phrase d'un développement musical.
Modèle, projet exécuté de manière graphique, en vue de préparer la réalisation d'objets ou de figures ornementales par d'autres techniques que le dessin. Représentation de l'objet, de la figure, sous l'apparence qu'ils auront une fois réalisés. Plan ou épure exécutés au trait d'après les procédés du dessin linéaire ou industriel, figurant la structure (coupe, élévation, profil) de l'objet à réaliser architecturalement ou industriellement.
Projet idéal conçu par l'esprit et sensible dans l'œuvre dont il constitue le point initial ou le centre. L'acte d'écrire ne peut se prolonger jusqu'à remplir l'étendue d'un livre sans exiger une rupture presque incessante du dessin initial (Valéry, Entretient, 1926, p. 108)
Configuration d'ensemble (forme, structure, proportions) d'un objet.
Agencement, disposition des parties qui configurent un ensemble (ouvrage, personnage, style)
Il apparaît donc de manière générale que le dessin est une représentation graphique qui laisse une trace sur un support, et qui sert à la fois à représenter des idées, et à communiquer une intention de réalisation. Confrontons ces définitions à la citation du sujet, qui est la suivante :
À mes yeux, le processus de création est souvent bien plus fascinant que le résultat final : au cœur de l'architecture, qui participe au processus de construction d'univers nouveau, réside le langage du dessin. (…) Le dessin permet de dire ce qu'on veut, où on veut. Il peut être un simple instantané d'une idée particulière, parfois une idée inachevée (…). C'est un médium qui permet d'aborder différentes possibilités sans exiger de conclusion.
Narinder Sagoo architecte de l'agence Foster + Partners, 
propos reccueillis dans carnets d'architectures, de Will Jones, 2011.
On retrouve bien ici l'aspect créateur du dessin, qui laisse une trace tangible d'un processus créatif, qui est quelque chose d’immatériel puisque suspendu dans le temps d'un projet. Le dessin est un langage, c'est à dire un outil de communication avec un autre, mais aussi avec soi même, car le langage est un outil qui structure la pensée et permet de confronter une idée à une autre dans un débat. Il découle de la nécessiter de dialoguer avec l'autre, de s'accorder sur un dessein dans le cadre d'un projet : l'intention de l'architecte se confronte à celle du client, ce qui permet de la modeler par l'échange. En ce sens, le dessin est instantané pris à un moment donné du projet, il s'inscrit dans la représentation du projet dans son ensemble, et pas nécessairement de sa réalisation finale, c'est en ce sens que c'est un médium qui ne nécessite pas de conclusion, à l'inverse de la phase de construction du projet.
I- Le dessin comme outil de pensée et de conception, instantané d'étapes d'un projet.
Comme on peut le voir avec le Reichstag, nouveau parlement de Berlin de Norman Foster (1992-1999) les dessins préparatoires sont partie prenante de la conception d'un projet et marque des étapes importantes de la réflexion. En comparant les croquis à la photo de l'architecture réalisée, on réalise que tout n'est pas gravé dans le marbre, et qu'entre les croquis que nous avons, et le projet final, des modifications ont été faites, conséquence d'une maturation du projet.
En observant les croquis préparatoire de 1991 du Musée du Guggenheim de Bilbao de Franck Gerhy cette idée est confirmée en ce qu'un autre architecte pense son projet crayons en main, et ce qui ressemble au commencement à un gribouillage imprécis et illisible se développe. Si l'on parvient déjà à y voir l'architecture qui sortira de  terre en 1997, il faut avoir déjà vue le monument, et ces croquis ne sont de toute évidence pas entièrement parlant si l'on ne s'appelle pas Franck Gerhy.
Zaha Hadid nous permet d'élargir cette réflexion à la peinture, avec ses peintures préparatoires de la Vitra Fire Station qui verra le jour en 1994. Cette façon d'exprimer le projet n'est pas banale, et représenterait presque sa marque de fabrique, mais l'essentiel à retir pour notre sujet est l'utilisation d'un médium comme moyen d'expression d'une idée qui prend la forme de trait de peinture, lesquels finalement donne forme à une architecture en volume. C'est une forme de calligraphie inspiré de l'écriture arabe, qui donne toute sa dimension et sa profondeur au terme graphein.
Les peintures de Sonia Delaunay ont inspiré le travail d'Antti Lovag, l'idée de l'artiste crée alors une réaction chez un autre créateur qui s'approprie la pensée à laquelle il sympathise en la transformant pour qu'elle soit la sienne. C'est ce qui a lancé la réflexion de l'architecte, la peinture devenant un plan, et le plan étant mis en volume. Ce duo nous montre que la pensée peut être partagée, inspiratrice de créativité, et qu'un artiste peu travailler à partir de la trace laissé par un autre pour la faire évoluer et vivre.
C'est d'autant plus flagrant dans le cas de la Maison Schröder conçu par Gerrit Rietvelt en 1924 : sympathisant du Bauhaus et figure de proue du mouvement De Stilt l'architecte à mis en volume une peinture de Mondrian.
Il est impressionnant de constater qu'à la différence de nombreux autres croquis d'architectes, ceux de la La maison Savoye de Le Corbusier ressemble déjà au résultat final. Du croquis à la réalisation, c'e­st un processus de matérialisation. L'idée elle même ne change pas, mais se réalise et devient part du réel.
Coop Himmelb(l)au utilise une forme de croquis qui s'apparente à l'écriture automatique : architecte laisse sa main guider le crayon et s'intéresse au résultat obtenu pour trouver les forme de son projet. C'est ce qu'il à fait pour les croquis préparatoires de la Rooftop Remodeling Falkestrasse. La main semble alors penser, concevoir l'idée sans avoir besoin de l'outil de pensée de l'homme, son esprit. En réalité, c'est un processus qui plonge dans les profondeur de la conscience et qui ne s'arrête pas aux idées qui sont remonté à la surface.
On peut dans une certaine mesure retrouver cette idée du croquis qui pense avec Tadashi Kawamata et son œuvre Destroyed Church : la ligne est alors un dessin concret dans l'espace. L'idée n'est plus matérialisé par le croquis sur une feuille mais par des lignes de bois qui prennent place dans un espace inspirant pour l'artiste. En voyant la spirale de planche, on pense voir des traits de crayons léger et aérien, alors même que l'artiste ne recours pas aux croquis pour concevoir ses œuvres. La pensée se matérialise dans le réel.
On retrouve le caractère penseur du dessin dans les croquis de la Boutique Dior de Séoul pour LVMH de Christian de Portzampac, avec des esquisses d'idées qui se précise jusqu'à prendre la forme de bouton de fleur qu'on lui connaît aujourd'hui. Associé à des logiciel 3D, la vision de l'architecte évolue pour exprimer au mieux l'identité de son client, tout en se confrontant au réalité de la construction grâce aux 3D qui donne du concret à l'idée de Protzampac. L'idée commence à se confronter au réel.

Dans un livre documentaire de la Koshino House, le modus operandis de Tadao Ando est révélé : il commence par réaliser une séries de croquis avec annotations et commentaires qu'il donne à son collaborateur responsable du projet, celui ci réalise des dessins élaborés qu'il soumet à Tadao Ando, lequel réagis sur ces dessins par d'autre commentaires et croquis. Cette possibilité d'évolution n'est en fait pas dessinée par Ando mais regardé et jugée comme adéquat ou non à ce qu'il attendait, ce qui rend de cette confrontation un moment clef de l'évolution du projet. Ce qui va dans le sens du dessin comme outil de communication, et comme réflexion étant plus de l'ordre du réalisme et de l'objectivité.
Cette confrontation est recherché pour le Reichstag de Norman Foster, avec le choix de présenter les croquis avec une photographie qui déclare : voici le réel. Il s'agit de présenter l'idée pure, la réflexion de l'architecte, avec le résultat concret et de laisser apercevoir les compromis, l'évolution du projet. La ligne en tant que figure n'existe pas dans la réalité, elle est matérialisé par des matériaux, mais un tracer n'a en soit aucun volume. Ici, la ligne est matérialisée par des poutres métalliques qui ont été pliées et soumises à l'idée, tout en n'étant pas aliénées ce qui aurait causé la  rupture du matériau. C'est une preuve d'harmonie entre l'esprit et la matière, entre le projet et la réalisation.
A priori, Walking city de Ron Herron, n'a pas de rapport au réel puisqu'il s'agit d'un projet jamais réalisé, vite catalogué sous l'étiquette de l'utopie. Cependant, la confrontation au réel, si subtile, est bien présente, sinon comment expliquer l'utilisation du collage plutôt que le croquis. En n'utilisant que des photographie d'objet existant, c'est un assemblage de réel et de technique que Ron Herron nous présente. C'est une possibilité qui s'idéalise avec le réel, ou une réalité que s'accorde avec les idées. Communiquer ce projet par le collage est un moyen de le confronter aux regards, et au réel.
Surrounded Island de  Christo s'inscrit dans une longue lignée de travaux land art de l'artiste devenu célèbre pour ses ''emballages'' d'architecture.  La confrontation à la réalité se fait ici en amont, en dessinant sur des photos de site. Dans son cas, c'est la vente des dessins qui finance ses projets : la démarche intellectuelle importe presque plus que la réalisation, et on peut dire que le dessin est ce qui rend la confrontation et la réalisation possible. Ces dessins sont des témoignages d'une démarche intellectuelle insaisissable sur pellicule, capture d'un moment éphémère bientôt rendu au temps.
Outre ses peintures, Zaha Hadid travail beaucoup avec des logiciel de modélisation 3D, comme dans le cas de la Salle de concert temporaire Jean-Sébastien Bach,car celle-ci permet de complexifier la pensée et l'idée, en la confrontant simultanément au regard et au réel. Elle permet une meilleure communication du projet, mais aussi une compréhension directement en volume qui se rapproche du résultat final. L'ordinateur est plus performant et rapide que l'esprit humain, ce qui lui permet de mener des calculs nécessaires à la réalisation physique d'un principe architectural, ce qui permet de concevoir et de penser de connivence avec le réel, et le réalisable, et de le questionner pour le repousser au delà de ses limites.
Dans le cas de la Boutique Dior de Séoul pour LVMH de Portzampac, la 3D est un outil de communication et d'échange avec le client, car contrairement à l'architecture construite, elle est toujours modifiable et permet au client de voir ce qui va être construit et de se projeter. Ainsi il dessine sur le rendu 3D pour parvenir à une solution avec les changement demandé par le client, superposant avec élégance confrontation au réel, et concept, pour mener à bien sa performance professionnelle d'architecte.
Jean Nouvel déclarait lors d'un interview : « L’ordinateur doit nous aider à créer mais aussi à représenter au mieux la réalité» Les Ateliers Jean Nouvel, ont toujours été à la pointe de l’innovation en travaillant notamment à partir d’outils comme 3D Max, Rhinoceros ou, aujourd’hui, Catia de Dassault Systems (système par ailleurs repris par la société informatique Gehry qui a basé dessus son logiciel d'architecture Digital Project ). « Il est vrai que de nombreux projets n’auraient jamais pu voir le jour dans ma tête s’il n’y avait pas eu les ordinateurs, explique-t-il. Ils offrent la possibilité de jouer sur les angles, les reflets, l’utilisation de fractales comme sur les projets Bis à Bâle ou Kyriad à Tel Aviv. Ces projets qui n’ont pas pu voir le jour à cause de la crise témoignent d’une esthétique qui n’aurait pas pu naître sans ces techniques de représentations… » Il apparaît de ce témoignage que la 3D peut être considéré comme une forme de synthèse dans la problématique du dessin, revenant à la dynamique originelle de l'esprit/immatériel se réalisant par un acte, un geste, un dessin...

Ainsi, il apparaît au terme de cette réflexion que le dessin est un outil nécessaire à la création, mais qui n'est pas figé dans ses formes ancestrale et évolue avec les technologie pour aller toujours plus loin dans la créativité et le questionnement de la réalité. Le geste permet d'intercepter une idée, de la saisir à un instant donné pour la conservé en continuant de suivre le fil de ses pensées. Que ce dessin prenne la forme d'un croquis, d'une peinture, ou d'une représentation 3D, il reste l'image d'un instant toujours susceptible d'évoluer et de changer, ce qui le distingue de l'architecture qui une fois bâti demande plus d'effort à être changée. Lorsque la volonté se fixe et que le dessein est clair, l'action peut prendre place, et le réel en est transformé...