L'analyse de La villa Farnsworth de Mies Van der Rohe a été réalisée par Claudia Aouir, étudiante en BTS DE1, École de Condé Nice
villa Farnsworth de Miles Van der Rohe a été réalisée entre 1947 et 1951 dans l'Illinois.
La villa Farnsworth de Miles Van der Rohe a été réalisée entre 1947 et 1951 dans l'Illinois. Son volume pur et souligné par sa longueur rappelle la Maison sur la Cascade de Frank Lloyd Wright. Il s'en apparente également par la superposition du volume plein et du vide. En outre, la maison construite entre 1936 et 1939 subit les mêmes déterminismes aux saisons que la villa Farnsworth. Au printemps, elles semblent s'unifier à la nature. À l'automne, les couleurs chaudes de la nature mettent en lumière les matériaux et leurs teintes. Notamment l'intérieur en bois de la Villa Farnsworth et les teintes ocres du béton extérieur ou des escaliers de la Maison sur la Cascade. En hiver, la neige apporte une dimension divine et procure l'aspect inverse qu'au printemps : il élève les demeures.
La villa Farnsworth de Miles Van Der Rohe surprend par la pureté de sa forme. En effet, l'association des angles droits au blanc lui accorde un aspect de quête de perfection esthétique. Le blanc extérieur vient se contraster aux couleurs chaudes, ocres du bois dans le séjour. La complexité technique fait fondamentalement partie de son aspect pur comme le limon central en béton qui augmente l'effet de flottaison. Le bois, le métal et le verre forment une symbiose absolue de la matière, chaque matériaux met en valeur l'autre. En utilisant du verre comme mur de séparation entre l'intérieur et extérieur, Miles Van Der Rohe sublime la fonction à savoir le quotidien des usagers. Il revoit la relation sol, mur, plafond et fait cohabiter l'intérieur et l'extérieur. La nature devient ainsi un élément du quotidien et le quotidien de la famille respire sur tout le site extérieur.
villa Farnsworth de Miles Van der Rohe a été réalisée entre 1947 et 1951 dans l'Illinois.
Tout d'abord, la villa évoque par sa linéarité, une progression immatérielle sans finitude. Elle est intrinsèquement liée à la Running Fence de Christo et Jeanne Claude qui soulignent l'horizontalité de la nature avec un drap blanc. Dans les deux œuvres, le blanc vient sublimer le paysage.
Running Fence de Christo et Jeanne Claude, Croquis
Running Fence de Christo et Jeanne Claude
Si cette progression semble sans finitude, c'est par son aspect représentatif du temps. Que se soit pour la villa de Miles Van Der Rohe ou l'aérogare 2 de Roissy de Paul Andreu, les deux œuvres évoquent une représentation temporelle au-delà du réel car elles semblent ne pas avoir de genèse. Ainsi, par ce phénomène Roissy 2 expose une continuité assimilée à un temps linéaire primordial de la Villa Famsworth.
La villa Farnsworth est ancrée dans la nature et représente par conséquent la matière. Matière vient du latin materia et est associée aux origines et aux éléments naturels, la materia d'origine est le bois, celui qui produit à partir de lui-même. Ainsi, la synthèse matérielle de la villa Farnsworth rappelle celle de la villa D10 de Werner Sobek. En effet, l'architecte s'est pleinement inspiré de la la villa Farnsworth et cherche également à traduire une symbiose matérielle entre le bois, le verre et le béton.
villa D10 de Werner Sobek
Par cette réflexion, Mies Van der Rohe revient aux temps primitifs. Elle est ainsi liée à la sculpture In the Shadow of Ledoux de l'agence dECOi. Cette œuvre illustre une sphère qui se replie sur elle-même et revient alors à son temps d'origine. Par conséquent, les formes simples et pures de la sphère de dECOi et le parallélépipède de Mies Van der Rohe sont porteuses dans leur essence de leur propre histoire. Elles renvoient par leur formes aux symboles primitifs et à l'écriture cunéiforme préhistoriques.
Tours de Mexico de Barragan de 1958
Ainsi, la Villa Farnsworth cherche fondamentalement un aspect originel qui sublime le temps présent. Par sa forme simple ancrée dans le paysage, la villa se rapporte à un menhir ; elle est posée dans son environnement et donne à voir au delà de la matière comme le menhir donne à voir l'âme des morts s'élever. L'aspect monolithique associé aux couleurs chaudes du bois se rapporte aux Tours de Mexico de Barragan de 1958. Ces cinq immenses monolithes modernes offrent une nouvelle perspective du temps futur mais reste également ancrée à la nature par les couleurs ocres et jaunes de deux de ses tours. Les deux architectures s'approprient donc le paysage et le redessinent dans une dimension hors de la réalité grâce aux pilotis de la villa Farnsworth qui élèvent la demeure et la forme monumentale des Tours de Mexico.