234- TERRE ET AIR DANS L'ART



EN LIEN AVEC L'ARTICLE " INTÉRIEUR, EXTÉRIEUR EN ARCHITECTURE", NOUS ALLONS INTERROGER CE MOUVEMENT QUI VA DE LA TERRE A L'AIR 

Aristote dit que les lieux sont porteurs de notions spatiales telles que la légèreté, l'aérien, la lourdeur, le terreux, l'éphémère .... et le principal mouvement est celui qui se fait selon le lieu, le paradoxe du lieu, c’est qu’il ne peut appartenir aux choses corporelles ni aux choses incorporelles, il a en effet une grandeur mais pas de corps.

" Que donc le lieu existe, on le connaît clairement, semble-t-il, au remplacement : là où maintenant il y a de l'eau, là même, quand elle en part comme d'un vase, voici de l'air qui s'y trouve et, à tel moment autre espèce de corps occupe le même lieu : c'est que, semble-t-il, il est une chose autre que celles qui y surviennent et s'y remplacent, car là ou il y a maintenant de l'air, là il y avait tout à l'heure de l'eau ; par suite, il est clair que le lieu (que l'étendue) est quelque chose d'autre que les deux corps qui y entrent et en sortent se remplaçant.

En outre les transports des corps naturels simples, comme feu, terre et autres semblables, indiquent non seulement que le lieu est quelque chose, mais aussi qu'il a une certaine puissance : en effet, chacun est transporté vers son propre lieu, si rien ne fait obstacle, l'un en haut, l'autre en bas; mais ce sont là parties et espèces du lieu, je veux dire, le haut, le bas et les autres parmi les six dimensions. Or, ces déterminations, le haut, le bas, la droite, la gauche, ne sont pas telles seulement par rapport à nous ; pour nous en effet, elles ne sont pas toujours constantes mais dépendent de la position que prend la chose pour nous, selon notre orientation ; par suite une chose peut, en restant sans modification être à droite et à gauche, en haut et en bas, en avant et en arrière.

Dans la nature, au contraire, chaque détermination est définie absolument : le haut n'est pas n'importe quoi, mais le lieu où le feu et le léger sont transportés, de même le bas n'est pas n'importe quoi, mais le lieu où les choses pesantes et terreuses sont transportées de telles déterminations différant non seulement par leur position, mais par leur puissance. Les choses mathématiques le montrent également : elles ne sont pas dans le lieu et cependant, suivant leur position relativement à nous, elles sont droite et gauche, mais leur position est seulement objet de pensée, et elles n'ont par nature aucune de ces déterminations. "
ARISTOTE
Physique, Livre IV, I, 208a-208b

Nous allons voir comment le lieu du matériau terre en se développant dans le lieu air de l'espace, comment en devenant air, la terre prend forme fertile et ensuite emplie d'air elle se désagrège et disparaît . En passant du lieu de la terre au lieu de l'air, elle crée et puis devient air .

VOIR SUR LE BLOG " 144-ARCHITECTURES D'AIR "

DANS LA TERRE / PIERRE RÈGNE " LA PROFONDEUR DE L'AIR" , Eduardo Chillida

« Il faut concevoir l’espace en termes de volume plastique […] De là reçoit sa structure la forme. Celle-ci découle spontanément des besoins de cet espace, qui construit sa demeure comme l’animal qui choisit sa carapace. Comme cet animal, je suis aussi l’architecte du vide. »
Citation d’Eduardo Chillida in Chillida, 1948–1998. Cat. expo., Musée Guggenheim Bilbao, Bilbao, 1998, p. 63.


Eduardo Chillida (Donostia-San Sebastián, 1924–Donostia-San Sebastián, 2002) Profond est l’air 
(Lo profundo es el aire), 1996
Albâtre, 94 x 122 x 124 cm
Guggenheim Bilbao Museoa

Eduardo Chillida a étudié l’architecture à Madrid avant de s’orienter vers la peinture puis, finalement, après un séjour à Paris, vers la sculpture. Sa formation architecturale première est perceptible dans les structures qui sous-tendent ses œuvres, dans son intérêt pour les matériaux et dans la planification soigneuses des relations spatiales qui caractérise ses sculptures. En effet, Chillida concevait la sculpture en relation avec l’architecture et il nous a laissé un patrimoine de sculptures monumentales à installation spécifique qui agrémentent les espaces publics, mais aussi des pièces d’un format plus conventionnel.
L’intérêt de Chillida pour le vide est encore plus manifeste dans ses pièces en albâtre, formes solides avec « fenêtres » taillées, que pénètrent les rayons de lumière. L’illumination diffuse qui se fraie un passage dans l’évidement attire l’attention vers l’espace taillé et crée un évident contraste avec la solidité de la forme qui l’entoure.

Si ses premiers albâtres datent de 1965–69, Chillida revient à ce matériau en 1976 et de nouveau deux décennies plus tard avec Profond est l’air (Lo profundo es el aire, 1996). L’œuvre combine un extérieur naturel grossièrement taillé avec un espace intérieur architectural extrêmement poli. La pièce rappelle une sculpture publique créée par Chillida pour la ville de Valladolid en 1982, Profond est l’air : Hommage à Jorge Guillén (Lo profundo es el aire: Homenaje a Jorge Guillén). Le titre fait référence au poète Jorge Guillén et révèle l’attitude du sculpteur face à l’espace et à l’air qui pour lui sont des matériaux aussi essentiels que la pierre ou le bois.

LA TERRE EN LIEN AVEC L'HUMAIN, L'AIR ET LA NATURE , Hans Haacke:

Haacke, Hans (b.1936) German , Grass grows, 1969 (mixed media) Deichtorhallen, Hamburg, Germany Medium médias mixtes ,1969 (C20th) Credit Wolfgang Neeb / Bridgeman Images










Hans Haacke est un artiste conceptuel germano-américain. Son travail montre «l'interconnectivité de la culture, des gens, de la corruption, de la cupidité» et des problèmes environnementaux. Il travaille dans une grande variété de médias. Né le 12 août 1936, il est né à Cologne, en Allemagne, et a fréquenté la Staalitche Werkakademie (Académie nationale des arts) à Kassel. Haacke se concentra davantage sur la peinture à l'académie. Ses premiers travaux ont impliqué des processus plus naturels. Son plus grand succès est survenu en 1971 pour son exposition solo au Guggenheim. Ce qui ne s'est essentiellement pas produit parce que Thomas Messer, le directeur du musée à l'époque, l'a annulée. La raison de Messer étant que "la politique de Guggenheim," exclut tout engagement actif à des fins sociales et politiques ". La controverse est l'un des motifs les plus récurrents de la carrière artistique de Haacke.Shapolsky et al. Manhattan Real Estate Holdings, un système social en temps réel à compter du 1er mai 1971. Bien que d'innombrables œuvres d'art de Haacke tournent principalement autour de la controverse et de la politique, il mélange également certains arts de l'environnement.

Hans Haacke a de nombreux aspects écologiques dans les œuvres qu’il crée. Il est surtout connu pour ses sculpteurs et ses installations. " En 1969, alors que d'autres artistes construisaient des monuments inspirés par l'art minimal, Hans Haacke, artiste conceptuel né en Allemagne de l'Ouest, a concentré son attention sur l'interdépendance des systèmes biologiques et de la nature." Un exemple de ce mouvement écologique est son travail intitulé Grown grass . Haacke a planté du gazon vert sur de la terre dans l'espace d'exposition qui lui a été attribué. Cette installation était axée sur «les processus biologiques de changement, de renouvellement et de dégradation». Il élargit l’esprit et votre perspective des systèmes économiques, de l’écologie, de l’industrie, de la politique et de la vie quotidienne.

LE PAYSAGE EN TANT QUE SCULPTURE DE TERRE, 'Earth Mound' by Herbert Bayer :


Herbert Bayer en 1954, Aspen, dans le Colorado, 'Earth Mound'

Conçu par Herbert Bayer en 1954, il s'agit vraisemblablement du premier "travail de terrassement" réalisé dans le contexte de l'art contemporain; la pièce est maintenue et visible sur le campus Aspen Meadows de l'Aspen Institute à Aspen, dans le Colorado. Le parc Anderson, conçu par Bayer en 1973, se trouve au bout d'un chemin proche. Il combine des éléments de Earth Mound et de Marble Garden (1955), une autre de ses sculptures qui se trouve sur le campus de l'Institut Aspen. Bayer était un artiste autrichien qui enseignait au Bauhaus dans les années vingt. Après avoir déménagé à Aspen en 1946, il a travaillé comme architecte à l'Institut Aspen. Après une longue et brillante carrière, Bayer a déménagé à Santa Barbara, Californie, où il est décédé en 1985.

Herbert Bayer en 1954, Aspen, dans le Colorado, 'Earth Mound'

Né à Haag (Autriche) en avril 1900, Bayer a été accepté au Bauhaus en Allemagne en 1921, où il a adopté la philosophie de l'école en matière de design fonctionnel. Immédiatement évident était son installation catégorielle catégorique avec toutes les variétés de design, y compris la peinture, la photographie, la typographie et la conception graphique.
Au milieu des années 1940, Bayer s'installa à Aspen, dans le Colorado, où il resta jusqu'en 1974. Les travaux importants de cette époque comprenaient la conception de l'Institut Aspen pour les études humanistes: Marble Garden, qui consistait en une série de dalles de marbre retravaillées un socle et le tumulus Earth adjacent (également appelé Grass Mound), surnommé par Jan van der Marck comme «le premier exemple du paysage en tant que sculpture».

Herbert Bayer en 1954, Aspen, dans le Colorado, 'Earth Mound'


Le dernier ouvrage environnemental de Bayer, le Mill Creek Canyon Earthworks Park, situé dans le Kent, dans l’État de Washington, associe le vocabulaire sculptural de ses projets Aspen à un fonctionnalisme écologique. Le site de deux acres et demi a été conçu pour retenir les eaux pluviales du cours d'eau éponyme alors qu'il coulait dans un canyon étroit. Une série de bermes, de monticules et d'anneaux de fouille a offert un intérêt sculptural au spectateur qui parcourait la composition. Le parc de travaux de terrassement Mill Creek Canyon est l’œuvre la plus acclamée de Bayer, en grande partie pour sa résolution réussie de deux intérêts opposés apparents: l’art et l’écologie.

LA TERRE FERTILE EST NOTRE INTÉRIEUR , Not Red But Green par Per Kristian Nygård :

Not Red But Green par Per Kristian Nygård ( 1979, norvège ), galerie NoPlace à Oslo, 2014

Avec une herbe aussi délicieusement et généreusement verte, il est presque difficile de croire que l’œuvre prend vie à l’intérieur!
l’artiste Per Kristian Nygård, basée en Norvège, a rempli l’espace de la galerie NoPlace à Oslo avec un gazon à rouleau qui cascade sur presque toute la hauteur de l’espace et se termine au bord d’une porte. L’installation, intitulée Not Red But Green, apporte l’extérieur à l’intérieur. Elle semble particulièrement apaisée contre ces murs blancs lumineux.
Cette installation spécifique au site englobe de petites collines dans tous les sens de l’espace. L’artiste demande aux spectateurs de participer en jouant dessus et en se baladant à travers ce paysage idyllique.


Not Red But Green par Per Kristian Nygård ( 1979, norvège ), galerie NoPlace à Oslo, 2014


L'artiste norvégien Per Kristian Nygård a tenté de faire pénétrer l'extérieur à l'intérieur avec cette installation qui impliquait la construction de monticules herbeux dans une galerie d'Oslo
Not Red But Green par Per Kristian Nygård ( 1979, norvège ), galerie NoPlace à Oslo, 2014


Les ondulations du terrain ont été construites avec une ossature en bois, recouverte de bâches en plastique et d’une couche épaisse de sol imprégné de semences de gazon.
La graine d'herbe a germé dans le sol humide pendant toute la durée de l'exposition. La pelouse a été entretenue et arrosée quotidiennement pour créer un environnement humide et propice à la croissance.



Not Red But Green par Per Kristian Nygård ( 1979, norvège ), galerie NoPlace à Oslo, 2014La photographie est de Jason Olav Benjamin Havneraas.

Not Red But Green par Per Kristian Nygård ( 1979, norvège ), galerie NoPlace à Oslo, 2014
Not Red But Green par Per Kristian Nygård ( 1979, norvège ), galerie NoPlace à Oslo, 2014

PURE TERRE, PURE POUSSIÈRE, PUR TERRITOIRE:  Walter De Maria, The New York Earth Room, 141 Wooster Street, New York City :

Walter De Maria, The New York Earth Room, 1977. © The Estate of Walter De Maria. Photo: John Cliett

Une sculpture de terre intérieure.
250 mètres cubes de terre (197 mètres cubes).
3 600 pieds carrés de surface utile (335 mètres carrés).
Profondeur de matériau de 22 pouces (56 centimètres)  Poids total de la sculpture: 280 000 livres. (127 300 kilos)
La Earth Room de New York , 1977, est la troisième sculpture de la Earth Room réalisée par l'artiste. La première a été réalisée à Munich, en Allemagne, en 1968. La seconde a été installée au Hessisches Landesmuseum de Darmstadt, en Allemagne, en 1974. La première deux œuvres n'existent plus.
La Earth Room de New York est une vision à long terme pour le public depuis 1980. Cette œuvre a été commandée et est mise à jour par la Dia Art Foundation.



Munich Earth Room, De Maria / Friedrich (1968)

Walter De Maria, The Land Show (affiche de l'exposition)
aka 50 m3 (1600 pieds cubes) Level Dirt ou Salle de la Salle de
Munich, Galerie Heiner Friedrich, Munich, 1968
Dim. : 61 x 58 cm, collection OBSART


“Le Land Show: Pure Dirt / Pure Earth / Pure Land - aussi connu sous le nom de Munich Earth Room”
28 septembre - 10 octobre 1968
Maximilianstrasse 15, Munich Heiner Friedrich Gallery

Affiche de la première exposition de Walter De Maria en Europe. Ce travail réalisé avec le soutien de Heiner Friedrich est plus connu sous le nom de Earth Room de Munich . Le galeriste allemand et son épouse Philippa de Menil a fondé le Dia Center for the Arts en 1974 (rebaptisé Dia Art Foundation en 1985) institution -an qui a été impliqué dans le financement de plusieurs grand Land Art travaille , et gère maintenant, among others, Spiral Jetty (1970) by Robert Smithson and The Lightning Field (1977) by Walter De Maria.

Walter De Maria, The New York Earth Room, 1977. © The Estate of Walter De Maria. Photo: John Cliett
Walter De Maria, The New York Earth Room, 1977. © The Estate of Walter De Maria. Photo: John Cliett
Walter De Maria, The New York Earth Room, 1977. © The Estate of Walter De Maria. Photo: John Cliett
Walter De Maria, The New York Earth Room, 1977. © The Estate of Walter De Maria. Photo: John Cliett

FAUTEUIL EN TERRE A MONTER SOI MÊME, TERRA CHAIR par Nucléo :


“Terra!” - Fauteuil pour l'extérieur, 2000 
Nucleo_ Andrea Sanna + Piergiorgio Robino, en carton. 
Multiple de 120x120x57H cm 
, produit par Nforniture (2000/2006) Magasin international de jeunes designers, Turin, Italie.

L'évolution des processus de production a engendré une génération de produits moins constructibles.
Ces objets arrivent dans les maisons en tant que vaisseaux spatiaux extraterrestres, dans lesquels nous ne savons rien,
et ce que nous pouvons en apprendre, c’est ce qu’ils veulent que nous apprenions.
En excluant l'interface, ces objets se révèlent au minimum.
Quel est le meilleur moyen de connaître un objet, de le ressentir? Sûrement pour le construire.
Il n'y a pas de plus grande forme d'intimité pour un objet que d'être créé.
Terra! n'est pas un produit fini, c'est une idée;
nous fournissons le cadre en carton et les graines et l'ingrédient principal, la saleté, peuvent être trouvés partout sur notre planète.
Le fauteuil est né dans votre jardin et devient une partie de votre paysage.
Terra! Ce n’est pas seulement un fauteuil en herbe, c’est un fauteuil du monde; si vous êtes dans une banlieue désolée entourée de ciment,
faites-le en ciment, si vous habitez devant une route américaine, faites-le en asphalte, si vous êtes au pôle nord, utilisez la neige….
Dimensions du paquet cm 130 x 63 x 7
Dimensions du paquet en 51,18 x 24,80 x 2,76
Dimensions assemblées cm 129 x 127 x 60
Dimensions du montage assemblées en 50,79 x 50 x 23,62

“Terra!” - Fauteuil pour l'extérieur, 2000 
Nucleo_ Andrea Sanna + Piergiorgio Robino, en carton. TERRA! carton plat découpé au laser
“Terra!” - Fauteuil pour l'extérieur, 2000 
Nucleo_ Andrea Sanna + Piergiorgio Robino, en carton. TERRA! carton plat découpé au laser

L'œuvre est apparue pour la première fois au Milan Salone Satellite en 2000 et a été sélectionnée pour le XIX Compasso d'Oro comme un «produit pour la communauté» en 2001. L'année suivante, elle a été montrée au Centre Georges Pompidou à Paris. , en 2004 à la Triennale de Milan, puis en 2012 à la Biennale de Belo Horizonte, Brésil.
TERRA! a été vendu dans le monde entier. Le dernier morceau de TERRA! a été vendu en 2005. L'autoproduction n'était plus durable et nous avons décidé d'abandonner la production de cette œuvre ... jusqu'à maintenant!


“Terra!” - Fauteuil pour l'extérieur, 2000 
Nucleo_ Andrea Sanna + Piergiorgio Robino, en carton. TERRA! carton taille sofa

“Terra!” - Fauteuil pour l'extérieur, 2000 
Nucleo_ Andrea Sanna + Piergiorgio Robino, en carton. TERRA! du carton au gazon


“Terra!” - Fauteuil pour l'extérieur, 2000 
Nucleo_ Andrea Sanna + Piergiorgio Robino, en carton. TERRA! carton plat découpé au laser
“Terra!” - Fauteuil pour l'extérieur, 2000 
Nucleo_ Andrea Sanna + Piergiorgio Robino, en carton. TERRA! le montage par Piergiorgio Robino et Andrea Sanna

“Terra!” - Fauteuil pour l'extérieur, 2000 
Nucleo_ Andrea Sanna + Piergiorgio Robino, en carton. TERRA! le montage par Piergiorgio Robino et Andrea Sanna
“Terra!” - Fauteuil pour l'extérieur, 2000 
Nucleo_ Andrea Sanna + Piergiorgio Robino, en carton. TERRA! le montage par Piergiorgio Robino et Andrea Sanna
“Terra!” - Fauteuil pour l'extérieur, 2000 
Nucleo_ Andrea Sanna + Piergiorgio Robino, en carton. TERRA! le montage par Piergiorgio Robino et Andrea Sanna
“Terra!” - Fauteuil pour l'extérieur, 2000 
Nucleo_ Andrea Sanna + Piergiorgio Robino, en carton. TERRA!Musée des Arts et Métiers, Hambourg, Allemagne
“Terra!” - Fauteuil pour l'extérieur, 2000 
Nucleo_ Andrea Sanna + Piergiorgio Robino, en carton. TERRA!
Carnegie Museum of Art , Pittsburg, Usa
“Terra!” - Fauteuil pour l'extérieur, 2000 
Nucleo_ Andrea Sanna + Piergiorgio Robino, en carton. TERRA!
Carnegie Museum of Art , Pittsburg, Usa
“Terra!” - Fauteuil pour l'extérieur, 2000 
Nucleo_ Andrea Sanna + Piergiorgio Robino, en carton. TERRA!

“Terra!” - Fauteuil pour l'extérieur, 2000 
Nucleo_ Andrea Sanna + Piergiorgio Robino, en carton. TERRA!
Piergiorgio Robino et Andrea Sanna sur TERRA!
“Terra!” - Fauteuil pour l'extérieur, 2000 
Nucleo_ Andrea Sanna + Piergiorgio Robino, en carton. TERRA!

“Terra!” - Fauteuil pour l'extérieur, 2000 
Nucleo_ Andrea Sanna + Piergiorgio Robino, en carton. TERRA!
Carnegie Museum of Art , Pittsburg, Usa

 LA TERRE POUR METTRE EN SCÈNE LE VÊTEMENT " Seven Earth Mountain "Par Maya Lin :


Maya Lin, Seven Earth Mountain, (2015). 
Courtesy Maya Lin Studio, Pace Gallery, and 3.1 Phillip Lim.




Maya Lin, Seven Earth Mountain, (2015). 
Avec l'aimable autorisation de Maya Lin Studio, Pace Gallery et 3.1 Phillip Lim


L'architecte Maya Lin, née en 1959 aux USA , connue pour avoir créé le Vietnam Veterans Memorial à Washington, s'est alliée au créateur de mode Phillip Lim pour sa collection de printemps 2016, présentée à New York .

En tant qu’installation complémentaire à son thème « Arrêtez et sentez les fleurs », qui impliquait de somptueux sommets, shorts et vestes en satin dans des tons neutres et des motifs floraux, Lin produisit sept tas de compost non toxique intitulés Seven Earth Mountain qui ont été dispersés à travers l'espace industriel où le spectacle a eu lieu. L'installation pesait 200 tonnes.

Lin a déclaré à l' Observer de New York : "Je pense que nous apprécions tous les deux la beauté de la simplicité et la puissance des lignes pures ."

Maya Lin, Seven Earth Mountain, (2015). 
Avec l'aimable autorisation de Maya Lin Studio, Pace Gallery et 3.1 Phillip Lim
Ce projet environnemental est un sujet que les deux parties connaissent bien: Lim avait une collection de mode respectueuse de l'environnement «Go Green Go» de durée éphémère en 2009 et la fondation de Lin, What is Missing? est dédié à la sensibilisation aux espèces en voie de disparition .

Un pourcentage du sol utilisé sera donné au projet de restauration de New York pour les jardins communautaires locaux et le reste sera utilisé en cas de besoin autour de la ville. La marque 3.1 Phillip Lim fera également un don au Fonds carbone afin de compenser l'empreinte carbone de la production de l'installation.

Depuis la création du mémorial des anciens combattants à Washington, Lin a réalisé d'autres œuvres de grande envergure, telles que Storm King Wavefield au Storm King Art Center, dans le nord de l'État de New York, et A Fold in the Field, à Gibbs Farm, à Kaipara Harbour, en Nouvelle-Zélande.
LE TRACÉ DE LA TERRE, Onze Minute Line , 2004, Maya Lin, une ligne pour relier les humains aux animaux dans le pâturage de l’une des plus grandes fermes laitières biologiques d’Europe du Nord :
Maya Lin architecte et artiste, (Née / Née en 1959 à Athens, Ohio. Travaille à / Travaille à New York) 
Onze Minute Line , 2004 ,Herbe, terre, pierre / terre, herbe, pierre ,500 m

Terre et herbe - Wanås, Suède

Les centres d' intérêts de Lin vont des concepts les plus avancés de la science aux plus anciens artistes de la planète. Selon l'artiste, son objectif dans cette ligne de terre courbée et haute de 1 600 pieds était de faire un dessin en trois dimensions. Ce travail spécifique au site a été créé pour le pâturage de l’une des plus grandes fermes laitières biologiques d’Europe du Nord, près du château de Wanas (maintenant la Fondation Wanas). En tant qu'Américaine à l'étranger, Lin a constaté une similitude captivante entre les tumulus funéraires de l'Europe et ceux de son pays d'origine, les États-Unis, et a cherché à préciser ce lien. Lin s'intéressait depuis longtemps à l'enterrement et aux monticules à l'effigie des Amérindiens dans son État d'origine, l'Ohio. Parmi les monticules les plus importants et les plus frappants se trouve le prétendu Serpent Mound des Indiens Hopewell (100 av.JC-700 ap. J.-C.).
L'artiste a utilisé du gravier (sa relation avec Robert Smithson, dont la jetée Spiral Jetty est composée de gravier est évidente) pour faire des croquis préliminaires sur le terrain du château. Elle a ensuite créé une maquette topographique du site à partir de laquelle elle a transféré son dessin sur gravier dans le pâturage en pente permanent, processus complexe qui fait appel à ses compétences de dessinateur et de cartographe (une autre de ses passions). Lin a placé la dernière pièce de manière à être visible sous plusieurs angles, de la route et des bâtiments voisins.


LA DÉSINTÉGRATION DE LA TERRE, L'ENTROPIE: Robert Smithson


Robert Smithson (2 janvier 1938 – 20 juillet 1973) est un artiste américain lié, entre autres, à l'art minimal et au land art, Robert Smithson- Nonsite: Essen, Soil and Mirrors, 1969

Les nonsites (« non-sites ») de Smithson, réalisés à partir de 1968, répondent par exemple à la problématique du lieu de l'art soulevé par les artistes apparentés au land art. Constitués par des rochers trouvés lors de ses pèlerinages dans des paysages anthropiques et rassemblés à l'intérieur de bacs géométriques destinés à être exposés, les nonsites, « annexés » par des photographies, des cartes géographiques et autres installations hybrides, investissent un no man's land – ce que l'artiste nomme son « truc va-et-vient » entre espaces d'atelier, plein air et lieux d'exposition. Ces travaux répondent dès lors à une tension dialectique qui met en jeu contenant et contenu de l'œuvre, deuxième et troisième dimensions, nature et culture et, inévitablement, temps et espace.

Avec en toile de fond historique, Hiroshima et le devenir commercial de l’art, Robert Smithson va trouver dans l’idée d’entropie et de désordre croissant, qui excluent l’optimisme des pensées utopiques, une manière nouvelle de pratiquer l’art. Il est urgent pour lui de donner une nouvelle acuité au regard, celui de l’artiste comme celui des spectateurs. Avec une tendresse et une intelligence aiguës, Smithson invente une autre manière de regarder le paysage entropique, cette réalité symbolique de toutes les érosions, physiques comme intellectuelles. Dès lors, dessinant, photographiant et accumulant des traces, l’art réaffirme sa présence au cœur du désastre.(Jacques Leenhardt)

Robert Smithson (2 janvier 1938 – 20 juillet 1973),USA, Partially Buried Woodshed. Fait à l'université d'État de Kent dans l'Ohio, en janvier 1970. photographie

Vingt camions chargés de terre se sont déchargés sur une cabane abandonnée jusqu'à ce que la poutre centrale cède sous le poids de la terre. L'idée est que la nature reprend ses droits de façon complète sur l'homme, sur ses constructions par la destruction de quelque chose d'humain. L'idée de Smithson était de soumettre une colline déjà existante à la pression d'une coulée de boue, mais comme il faisait moins de dix degrés Celsius l'expérience a échoué. L'œuvre a depuis été démolie, ne laissant derrière elle que quelques restes de béton.


Robert Smithson (2 janvier 1938 – 20 juillet 1973),USA, Partially Buried Woodshed. Fait à l'université d'État de Kent dans l'Ohio, en janvier 1970. photographie

Robert Smithson (2 janvier 1938 – 20 juillet 1973),USA, Partially Buried Woodshed. Fait à l'université d'État de Kent dans l'Ohio, en janvier 1970. photographie

LE TROU/TOMBEAU DANS LA TERRE COMME MONUMENT ANTI-MONUMENT par Claes Oldenburg Claes Oldenburg,1929 Suède naturalisé américain et Coosje van Bruggen, 1942/2009:
la notion de tombeau vide et vidé de son sens:
L'événement qui va déclencher chez Claes Oldenburg un processus de recherches plastiques relatif au " monument gigantesque, vide de sens et grotesque " que l'on retrouve dans toutes ses oeuvres majeures à partir des années 70, va être l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy, trente-cinquième président des États-Unis, qui eut lieu le vendredi 22 novembre 1963 à Dallas (Texas).En effet Kennedy était alors l'image positive de l'optimisme des États-Unis et Claes Oldenburg va utiliser le symbole de la Statue de la liberté comme métaphore du gigantisme américain, qui abouti au meurtre et à l'intolérance .Les évènements de Dallas avaient fait basculer le rêve américain, et pour abolir la notion de monument politique symbolisé par la Statue de la Liberté, en 1965 il propose un mémorial et tombeau pour le président JFK , Proposed Underground Memorial and Tomb for ... John F. Kennedy. Celui ci est basé sur une photo du Président assassiné et dont il fait une statue géante. La silhouette enterrée la tête en bas en pleine terre étant un moule creux, géant, vide avec juste la forme extérieure du président, cela à la taille de la Statue de la Liberté. Rien de visible sur le sol, une sorte d'anti monument, le corps de John Fitzgerald Kennedy creux et enfoui était la négation totale de la Statue de la 
Liberté

 
Claes OLDENBURG 1929 Suède nturlisé améicain. Proposed Underground Memorial and Tomb for ... John F. Kennedy, 1965
En 1967 il propose de remplacer l'Obélisque de Washington DC par un Monument colossal Proposed Colossal Monument to replace the Washington DC Obelisk- par Rotating Scissors. La paire de ciseaux y est partiellement enterrée et c'est le premier projet de Oldenburg qui est intégré partiellement à la terre elle même, sans support et sans socle mais dans le sol.



















Claes OLDENBURG, 1929 Suède naturalisé américain,, The Scissor monument: a Proposal to Replace Washington Obelisk in Washington, Washington D.C.watercolor, graphite and wax crayon on paper mounted on panel30¾ x 20½ in. (78.1 x 52 cm.)Executed in 1967. PRIVATE COLLECTION, NEW YORK
Claes OLDENBURG, The Scissor monument: a Proposal to Replace Washington Obelisk in Washington, Washington D.C. 1967

mais avant d'ouvrir la voie à ses projets projets "monuments anti-monument " à l'image géante d'objets du quotidien, il développe la réflexion à propos " du trou " dans la terre et des œuvres partiellement ou totalement enterrées avec une action/ Performance relative au monument en négatif troué dans la terre, intitulé Placid civic monument

Claes OlLDENBURG 1929 Suède naturalisé américain, Doris Freedman and Sam Green,New York cultural affairs, Placid Civic Monument, 1967

Dans le cadre d'une exposition organisé par the NYC Administration of Recreation and Cultural Affairs: le 1er octobre 1967, Claes Oldenburg a réalisé son premier monument publique en extérieur .


Claes OLDENBURG 1929 Suède naturalisé américain, avec les fossoyeurs creusant Placid Civic Monument, 1967, Central Park New York

Placid Civic Monument avait la forme d'une action/performance conceptuelle et fut réalisée dans Central Park derrière le Metropolitan Museum of Art, New York. Avec une équipe de fossoyeurs, Oldenburg a fait creuser un trou rectangulaire de 6' x 3', 180x90 cm, qu'il a intitulé dans ses notes Hole or Burial Monument un trou ou tombe, dont il a documenté l'action, les ouvriers ont travaillé de 10h30 à 12h30 pour creuser le trou et après le temps du repas de midi, ils l' ont rebouché et aplani la terre du dessus.



Claes OLDENBURG 1929 Suède naturalisé américain,: Placid Civic Monument. "108 cubic feet of Central Park surface excavated and reinserted." New York, October 1, 1967.

Il voulait d'une part protester contre la guerre du Vietnam, et d'autre part "le trou" devenait une sorte de négatif à un futur socle de commémoration, en le recouvrant il dépassait la pure forme en creux qu'il avait donné à son Monument pour Kennedy.

Claes Oldenburg 1929 Suède naturalisé américain: Placid Civic Monument. Central Park New York, October 1, 1967.


Cette réaction aux évènements politiques et sociaux aux USA des années 60, et cette position anti monument aux morts, monuments officiels, tombes commémorant des guerres et assassinats, va orienter la recherche d'Oldenburg vers de nouvelles contre proposition de monuments comme La paire de ciseaux à Washington DC. Il va proclamer le besoin d'établir une nouvelle catégories de sculptures publiques qui dépassent la définition traditionnelle de monument politique et sous des apparences grotesques et satiriques , son travail va être une critique sociétale et politique



LE TOMBEAU COMME PROTESTATION POLITIQUE : Maurizio Cattelan – Now, (2004)



Maurizio Cattelan – "Now" in 2004 at Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, Chapelle des Petits Augustins de l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts, Paris, France

« Now » représente le corps de John F. Kennedy reposant dans un cercueil ouvert, comme prêt à recevoir des hommages. Le président est coiffé, habillé, il n’y a aucune trace des blessures subies lors de son assassinat, seuls ses pieds sont laissés nus. L’œuvre évoque un tournant spécifique de l’histoire américaine : la période de traumatisme collectif et le sentiment d’ordre social qui a englouti le pays après la mort de JFK. Mais le titre insinue que cette perte et sa suite d'aspirations contrariées résonnent également dans le monde d'aujourd'hui, exprimant un désir d'optimisme, de glamour et de confianceace à un présent divisé et désenchanté.Maurizio Cattelan – Now, (2004) Mannequin en cire, vêtements, cheveux naturels, bois 85 x 225 x 78 cm
Maintenant est une œuvre créée par Maurizio Cattelan et présentée en 2004 à Paris dans la chapelle des Petits-Augustins aux Beaux-Arts. Cette œuvre représente la dépouille de John Fitzgerald Kennedy allongée dans son cercueil. Comme d'habitude, cette performance a fait couler beaucoup d'encre. Il s'agit d'un mannequin en cire, réalisé par le sculpteur Daniel Druet (qui a travaillé dix ans pour le Musée Grévin), pieds nus dans un cercueil ouvert. L'impact visuel dans la chapelle moyen-âgeuse est très fort d'autant plus que les autorités américaines n'avaient, à l'époque, autorisé aucune photographie du président assassiné.
Selon l'auteur, ce corps symbolise la fin du rêve américain, les pieds nus font référence à un tableau du Caravage, La Mort de la Vierge. Le titre préfigure le questionnement au moment ultime « Et maintenant ? ».
Maurizio Cattelan – Now, (2004) Mannequin en cire, vêtements, cheveux naturels, bois 85 x 225 x 78 cm

Ce projet se voudrait aussi être en partie la réalisation d'un autre projet, non abouti, qu'il avait soumis à François Pinault pour réalisation. Il s'agissait, dans le cadre d'une concession perpétuelle dans un cimetière de Bretagne, de placer une pierre tombale portant l'épitaphe « Pourquoi moi ? ».

LA TERRE ENTRE DANS L'AIR AVEC LE FAIT DE CREUSER SA PROPRE TOMBE : MAURIZIO CATTELAN " Untitled " :
Maurizio Cattelan Maurizio Cattelan. Né en 1960, à Padoue (Italie). Vit et travaille à New-York (États-Unis)
exposition "Truchement" Le Consortium 2017 , Dijon, . Untitled (The Grave). Coll Le Consortium (Photo André Morin)


Maurizio Cattelan Maurizio Cattelan. Né en 1960, à Padoue (Italie). Vit et travaille à New-York (États-Unis)
exposition "Truchement" Le Consortium 2017 , Dijon, . Untitled (The Grave). Coll Le Consortium (Photo André Morin)


Maurizio Cattelan Maurizio Cattelan. Né en 1960, à Padoue (Italie). Vit et travaille à New-York (États-Unis)
exposition "Truchement" Le Consortium 2017 , Dijon, . Untitled (The Grave). Coll Le Consortium (Photo André Morin)

DANS LE TOMBEAU, DE LA TERRE NAIT L'AIR, le travail de Sylvie Lander pour l’église St-Pierre-le-Jeune à Strasbourg (été 2010).
Sylvie Lander, 1962 Née à Strasbourg ,1985 Diplôme de l'École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg, section peinture (félicitations du jury), ateliers de SARKIS et Camille CLAUS

"Une cuve d’or, épousant la forme humaine, emplie d’eau claire, est incrustée dans le sol. Absence du corps, au cœur de la matière, naissance et mort, passage, transformation, circulation, présence du ciel à toucher dans l’obscurité minérale qui invite à entrer en résonance avec la danse immobile des étoiles."

LA TERRE MÊLÉE D'EAU DONNE LE LIEU DE L’ÂME , dans 
Nostalghia,  film d’Andrei Tarkovski, intérieur et extérieur flottent entre terre et air : 


Nostalghia, 1983, Andreï Tarkovski

Andreï Tarkovski est un réalisateur soviétique né le 4 avril 1932 en URSS et mort le 29 décembre 1986 à Neuilly-sur-Seine d'un cancer du poumon
L'élément qui donne la vie, c'est la terre mêlée d'eau, ce dernier étant sans doute celui qui est le plus traité dans l'œuvre de Tarkovski, Jean Delmas affirme d'ailleurs de Tarkovski qu'il est « le poète de l'eau lourde »
Nostalghia, 1983, sixième film d’Andrei Tarkovski présente la particularité d’être à la fois un renouvellement de son œuvre et une continuité de celle-ci. Nostalghia est une adaptation de la zone créatrice de Tarkovski à un nouveau réceptacle topographique, l’Italie. Premier film donc tourné en dehors de l’URSS, Nostalghia nous offre aussi le loisir d’observer comment se prolongent les thématiques et l’esthétique qui gouvernent l’œuvre du cinéaste.

Dès la scène d’ouverture, nul doute, nous savons que nous sommes devant un film de Tarkovski. Peu importe le lieu de l’action, même si de l’importance, ce lieu en a, nous savons que nous sommes dans un monde où les éléments qui le constituent (eau, boue, feu, air, brumes, et autres) sont autant de repères orthonormés qui permettent au spectateur de se situer dans un univers singulier fait de nappes sensitives.

LA TERRE DEVIENT PIERRE ET LE TOMBEAU S'EMPLIT D'AIR - il est le lieu de passage et de mouvement dans le tombeau vide :
Hubert van EYCK Die drei Marien am Grabe Christi; Öltempera auf Holz; 1420; Rotterdam, Museum Boymans- van Leipzig
vue plongeante sur le tombeau vide , la pierre glissée et non roulée, les femmes face à l’ange de l’Annonciation, les soldats endormis, au loin la Jérusalem du XVe avec la mosquée du Rocher et le dôme du sanctuaire de la Résurrection



Les Trois Maries au tombeau, 1425-1435, Jan van Eyck (Rottederdam, Museum Boijmans van Beuningen). Ce tableau qui pose de problèmes de datation est considéré comme une œuvre de jeunesse du peintre, par ses similitudes stylistiques avec l’Agneau mystique. Le tableau montre les trois Maries dans un paisible paysage ; assis sur le cercueil ouvert il y a un ange, qui dit aux femmes que Jésus crucifié a ressuscité d’entre les morts. Les soldats qui auraient dû veiller sur le tombeau se sont endormis. Se reflétant dans la brillante armure de l’un d’eux nous voyons la campagne. À l’horizon est représentée la ville de Jérusalem.


LE TOMBEAU EST DANS L'AIR COMME UN COSTUME FUNÉRAIRE : Ai WEIWEI, Yu yi 2015

Ai WEIWEI Yu Yi 2015 figure de 12 m. en bambou tressé et lampes LED, musée d’art ARoS Kunstmuseum 2015

LE TOMBEAU CHEZ AI WEIWEI EST UN COSTUME FUNÉRAIRE VOLANT EN BAMBOU LUMINEUX :

UNE SORTE D'APPARITION, DE SPECTRE D'UN MEMBRE ROYAL DE LA DYNASTIE HAN QUI SE MANIFESTE À TRAVERS YU YI 2015

Dans son installation Yu Yi 2015, Ai Weiwei relie le passé au présent. Cette oeuvre est une grande figure de 12 mètres de long en bambou tressé et lumière led, elle flotte dans les airs à 8 mètres au dessus de la tête des visiteurs . La figure est une référence à un costume funéraire en jade de La Han Dynasty (- 200). Simultanément, Yu Yi est un superman volant qu' Ai WEIWEI réfère directement à la Chine comme l'ultime superpuissance mondiale .
Le costume funéraire se dit en chinois: pinyin: yù yī; se traduit par: "costume de jade" est un costume de cérémonie fait de plaques de Jade dans lequel on enterrait les membres de la Famille royale de la Dynastie Han

Ai WEIWEI Yu Yi 2015 figure de 12 m. en bambou tressé et lampes LED, musée d’art ARoS Kunstmuseum 2015

LA TERRE EST PIERRE PRÉCIEUSE DANS LES COSTUMES TOMBEAUX EN JADE DE LA DYNASTIE HAN FAITS D'AIR EN OR LUMINEUX
costume funéraire en jade de La Han Dynasty (- 150 ) the Museum of the Mausoleum of the Nanyue King, in Guangzhou, 
Les costumes en plaques de jade étaient cousus avec du fil d'or

Les costumes en plaques de jade étaient cousus avec du fil d'or. Nous pouvons faire le lien entre ce fil d'or et les lumières Led utilisées par Ai WEIWEI pour illuminer sa sculpture Yu Yi 2015 ainsi que les constellations avec l'aspect céleste de ces costumes/ tombeaux.

Ils étaient les vêtements funéraires des familles impériales de la Dynastie Han cette coutume est apparue durant La Période des États en guerre (476-221BC) et a pris toute son importance durant la Dynastie Han (206BC-AD220) Les costumes funéraires de jade étaient extrêmement coûteux, et, seuls les plus riches pouvaient se les offrir. Outre la valeur de la matière première, leur fabrication mobilisait un personnel nombreux durant un temps considérable : on estime qu'il fallait plusieurs années pour fabriquer chaque costume.
Beaucoup d'archéologues ont cru que les costumes funéraires de jade relevaient des mythes et légendes. Ce n'est pas avant 1968 que deux costumes complets furent découverts dans les tombes de Liu Sheng et Dou Wan, dans le district de Mancheng , dans le Hebei. Leurs costumes étaient constitués de 2 498 plaquettes de jade assemblées avec 1,1 kg. de fil d'or.

En 1973, un costume funéraire de jade appartenant au prince Huai , de la dynastie des Hans occidentaux fut découvert à Dingxian , dans le Hebei. Il comportait 1 203 morceaux de jade et 2 580 grammes de fil d'or ( source wikipédia )

Les alchimistes Taoïstes ont toujours prétendu que la sécrétion du jade (Yu Ye) entrait dans la confection de breuvages d’immortalité. Suivant un procédé secret ils pouvaient, parait-il, rendre ce jade liquide car le jade, remède souverain contre la corruption était utilisé jadis pour ensevelir les princes revêtus d’une armure de jade. Yu Yi 2015 de Ai WEIWEI est peut-être, à l'image des costumes tombeaux des Han, lui aussi une sculpture tombale pour l'éternité.
costume funéraire en jade de Liu Sui, Prince de Liang, Dynastie Han de l'Ouest, réalisé avec 2,008 pièces de jade. Ce costume date de 40 BC, extrait de la Tombe de Xishan du Prince de Liang Liu Sui à Yongcheng, Henan.

Nous pouvons y voir le tombeau vide de la Résurrection du Christ dans le principe chrétien de l'être pour l'éternité. Tombeau de roche, en pierres taillées à la grandeur du corps, tissé du fil d'or en air lumineux

Le tombeau vide de terre, costume de pierre, costume d'air et de lumière, étoilé, enveloppe d'informations sacrées pour le défunt en voyage vers l'éternité et en mouvement de retour qui revient sur lui même , se retrouve dans la forme de sphère des propositions de Cénotaphe de l'architecte

IL N'Y A PLUS DE TERRE MAIS L'AIR COMME TOMBEAU : Boullée Etienne Louis 1728/1799 France, Cénotaphe de Newton 1784


Cénotaphe de Newton 1784, vue en coupe, Boullée Etienne Louis 1728/1799 France

Boullée Etienne Louis propose deux projets de tombeau pour Newton et le second est conçu ainsi: à partir d’un simple dispositif de petits percements dans la voûte, l’architecte dispose cette fois-ci un tombeau sous " une nuit pure ", dans laquelle le spectateur se trouve " comme par enchantement, transporté dans les airs et porté sur des vapeurs de nuages dans l’immensité de l’espace ". Ainsi " de quelque côté que les regards se portent, on n’aperçoit qu’une surface continue qui n’offre ni commencement ni fin, et qui, plus on la parcourt, plus elle s’agrandie ".



Cénotaphe de Newton 1784,vue intérieure , Boullée Etienne Louis 1728/1799 France

La nuit étoilée qui environne le spectateur n’entretient pas de rapports très particuliers avec Newton, sinon celui métaphorique et hyperbolique qui occupait l’esprit de Boullée :" C’était dans le séjour de l’immortalité, c’était dans le ciel que je voulais placer Newton ". Le mysticisme maçonnique était largement répandu au 18e siècle, dans tous les milieux. On sait par ailleurs que Newton, bien que très grand savant, se passionnait à ses heures pour l’alchimie. Replacé dans ce contexte, le cénotaphe de Newton expose un thème presque conventionnel, celui d’une révélation ou d’une " connaissance " transmise de manière ininterrompue de Zoroastre à Newton. ( Etienne Louis Boullée, les Cénotaphes, La BNF )
L'univers clos et sphérique empli d'air serait alors notre tombeau, les constellations et galaxies en sont les peintures murales, les lumières sont le rythme des jours, des nuits , du temps et sont les informations relatives à la connaissance du sacré.
La terre est l'air de l'univers.