246- CARMONTELLE ET LES PIONNIERS DE LA VIDÉO

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LES PIONNIERS  DE LA VIDÉO

Dans les transparents de Carmontelle, il y a la participation du spectateur par la manipulation de la manivelle" pour faire avancer le transparent et donc il y a simultanément l’interaction du spectateur avec  " l' image projetée " . La participation est double, la technique est dépendante de la personne et la visualisation du transparent dépend aussi du spectateur. Ces particpations et interactions, où la machine n'est pas autonome nous la retrouvons dans les actions des premiers artistes utilisant la vidéo et la télévision comme médium . En effet dans les vidéos des pionniers, le spectateur ne subit pas l'image projetée mais la met en oeuvre et l'utilisation de la machine à projeter est en elle même un processus de création :  



photo Lim Young-kyun in 1983 while Nam June Paik was in New York
Nam June PAIK, TV Rodin (Le Penseur), 1976-1978 Monitor TV, camera, cast plaster sculpture 132 x 110 x 115 cm © The Estate of Nam June Paik – Photo Primae/Claude Germain

à l’origine, techniquement la vidéo ne peut être diffusée qu’à travers le système de retransmission de la télévision, par la suite l’informatique a permis de numériser les images et donc de les passer sur ordinateur, puis via internet ou vidéo projecteur,
mais le support de la vidéo c’est la télé
les premiers artistes vidéo se sont retrouvés à utiliser un médium qui s’adresse à la masse pour faire des créations individuelles énorme contraste, énorme dilemme: la masse d’un coté, l’’expression d’un individu de l’autre
David contre Goliath
nous allons regarder la dynamique de ce combat
donc, la vidéo ne peut- être séparée de la télévision et regarder leur relation c’est marcher en funambule sur un fil qui va du médium au média c’est à dire d’une technique avec ses qualités: structure, matière, temporalité, à une fonction avec avec ses paramètres: la communication, la mondialisation, l’information, l’idéologie



l’art vidéo est “ contre, tout contre la télévision, “ nous dit le critique Jean Paul Fargier et l’histoire ne dément pas ce jeu de langage
revenons içi à des définitions de base: dans le domaine de l’art le mot “ médium “ désigne en peinture une substance intermédiaire entre le liant et le diluant , il renvoie à un milieu;
alors que “média, diminutif de mass média “ désigne l’ensemble des techniques et des supports de diffusion massive de l’information et de la culture
la télévision est donc à la fois un médium c’est à dire un milieu avec des caractéristiques physiques et techniques et un média : un mode de communication.
en ce sens le fil qui relie la vidéo à la télé est celui d’une lame de rasoir



Les premiers artistes qui utilisent la vidéo sont donc des rebelles à la télévision qui pour eux est comme un instrument de formatage et d’homogénéisation de la pensée humaine
ils utilisent donc un médium abrutissant pour en faire quelque chose de créatif, nous pouvons dire que la vidéo est la rédemptionde la télé


On ne peut parler des pionniers de la vidéo sans parler du rôle joué par le mouvement Fluxus, mouvement fondé en Allemagne par George Macunias en 1962 1964 , et par les expérimentations menées au USA par des artistes comme Cage, Raushenberg, Cunningham, Davd Tudor
le mouvement Fluxus rassemblera rapidement les énergies artistiques européennes et nord américaines, il se situe à la croisée des arts, peinture, sculpture, musique , danse , performance, l ’art vidéo est marqué dés le départ par la richesse d’influences hétérogènes.
Fluxus est fortement influencé par Dada, Duchamp, et les manifestations organisées au Black Mountain collège par John Cage et ses amis des 1952, l’esprit Fluxus voit le jour en 1950 et aura un rayonnement durable

 
Wolf VOSTELL Auschwitz-Scheinwerfer de la série Schwarzes Zimmer, assemblage de matériaux et téléviseur, 1958 – 1963, Fotograf: Berlinische Galerie


L'un des deux grands pionniers de la vidéo:

l’artiste du mouvement fluxus allemand Wolf Vostell ( 1932: 1998 )



Wolf VOSTELL  Endogen Depression Los Angeles version (Laica Museum) Installation view (1981) with the turkeyes 


Commencée en 1975 au Musée d'Art de Hanovre, en Allemagne, Endogen Depression compte environ neuf versions. L'installation se compose d'une quarantaine d'objets: des tables, des commodes et des téléviseurs évoquent l'intérieur d'une traditionnelle maison familiale. Tous les téléviseurs sont à moitié coulés dans le béton et une dizaine d'entre eux sont allumés.
Dans l'installation de Los Angeles, tous les téléviseurs sont mis en marche et diffusent un son très faible. Au groupe de chiens que comprenaient les versions antérieures, la version installée à Laica substitue un groupe de dindes vivantes qui renvoient à des thèmes classiques américains, et plus particulièrement à la fête de Thanksgiving.


Wolf VOSTELL Endogen Depression 1979 Los Angeles version (Laica Museum) Installation view with the dogs


dès 1954 Vostell s’intéresse au potentiel esthétique de l’électronique, il est en contact avec le studio de musique électronique de Cologne et fait la connaissance de Stockhausen, compositeur de musique contemporaine dont l’influence sera aussi déterminante sur Nam June Paik
  
Wolf VOSTELL, Endogen Depression ,2014 (Galerie Anne de Villepoix, Paris 3e. Installation View



Wolf VOSTELL, Endogen Depression ,2014 (Galerie Anne de Villepoix, Paris 3e. Installation View

Wolf VOSTELL, Endogen Depression ,2014 (Galerie Anne de Villepoix, Paris 3e. Installation View



il est l’inventeur du principe du décollage, cette action qui consiste à décoller une image de son support revêt la signification d’une idée de destruction, d’usure, de détournement voire d’effacement, appliqué au medium télévision ce principe vise à perturber leprogramme télé ordinaire en intervenant sur l’image et son développement: prélèvements et remplacements d’images les unes par les autres, images montées en boucles, effacées,

Wolf VOSTELL, Endogen Depression ,2014 (Galerie Anne de Villepoix, Paris 3e. Installation View


Vostell veut mettre à nu les différents niveaux de conscience et la psychologie du spectateur en démontant les mécanismes idéologiques sur lesquels reposent l’utilisation de la télé
“ les préjugés accumulés équivalent sur le plan psychologique aux affiches superposées accumulées sur le plan visuel “
Wolf VOSTELL, »Beton-TV-Paris« [Concrete-TV-Paris], 1974, ZKM | Center for Art and Media. / © VG BIld-Kunst, Bonn 2014; Photo © ZKM | Zentrum für Kunst und Medientechnologie, Photo: Thomas Goldschmidt


Wolf VOSTELL, »Beton-TV-Paris« [Concrete-TV-Paris], 1974, ZKM | Center for Art and Media. / © VG BIld-Kunst, Bonn 2014; Photo © ZKM | Zentrum für Kunst und Medientechnologie, Photo: Thomas Goldschmidt

Wolf VOSTELL, »Beton-TV-Paris« [Concrete-TV-Paris], 1974, ZKM | Center for Art and Media. / © VG BIld-Kunst, Bonn 2014; Photo © ZKM | Zentrum für Kunst und Medientechnologie, Photo: Thomas Goldschmidt


l’appareil télé est lui- même déréglé, perturbé, mise à mal, parfois criblé de balles, branché sur un canal sans programme, etc
Wolf VOSTELL- 6 TV de-coll/age 1963


en 1958 fait une installation Dépression Endogène ou il enterre des postes de télévision, les cimente, les entoure avec du fil barbelé , les attache à des animaux vivants et les inclus ainsi à toute la matière de la vie, pour les extraire de l’image que l’on veut donner de la télé qui est de remplacer le reste des éléments de la vie et de devenir le centre unique autour duquel tout le monde s’entasse, nous pouvons voir là un des premiers combat du vivant contre le virtuel


Wolf VOSTELL – Chambre noire Treblinka 1958-59 est constituée d’objets, de dé-coll/age, d’une partie de motocyclette, de bois, d’un film et d’un poste télé .


L’autre pionnier est le coréen Nam June Paik(1932, 2006 ) artiste sud-coréen né à Séoul le 20 juillet 1932 et mort à Miami le 29 janvier 2006
Après des études de philosophie, d’esthétiques, de musique à Tokyo puis en Allemagne, il découvre l’oeuvre de Cage et décide d’appliquer à l’électronique le principe de piano préparé de Cage ou divers objets sont posés sur les cordes à l’intérieur du piano
Nam June Paik Button happening 1965 vidéo noir et blanc 2mn



La première vidéo avérée et réalisée par Nam June Paik est Button happening sur laquelle on voit l’artiste coréen boutonner et déboutonner son manteau. Caractéristique de l’esprit Fluxus, cette vidéo est une sorte d’hommage à George Maciunas, pour qui n’importe quel geste peut être détourné de la boucle du quotidien si il est répété plus d’une vingtaine de fois.

Button happening  est sa première utilisation du portapak de Sony 1965


les premières oeuvres de Nam June Paik sont donc de déformer et perturber des images prélevées dans les programmes de télé avec un aimant qu’il approche du tube cathodique

Nam June Paik, Magnet TV, 1965, television and magnet, black and white, silent, Whitney Museum of American Art, New York, purchase, with funds from Dieter Rosenkranz. Photo by Robert E. Mates.

Paik sitting in TV Chair (1968 1976) in “Nam June Paik Werke, 1946–1976 Music, Fluxus, Video,” 1976  © Friedrich Rosenstiel, Cologne


Nam June Paik, TV Chair, 1968


“ tout est invention pure, tout se produit à partir d’un entrelacement électronique et artificiel, ce n’était donc pas l’image qui m’intéressait mais la fabrication de l’image, les conditions techniques et matérielles de sa production, autrement dit l’exploration horizontal et verticale, l’image vidéo est est une image transposée en un signal électrique, cette transposition s’effectue point par point et résulte d’un balayage des lignes paires et impaires, constituant ainsi une trame entrelacée ”

en 1963 Nam June Paik fait une installation ou il branche 13 postes de télé à 13 magnétophones comme source de signal et sur les écrans apparaissent sur chacun une modulation differente de l’image( zébrures, ligne transversale, zigzag etc... ) montrant que l’image de télévision est constituée d‘ une sucession de signaux et non de photographies ou d’images,
puis il fait des vidéos sculptures et performances comme “ TV cello “ avec la violoncelliste Charlotte Moorman jouant d’un violoncelle fait du montage de plusieurs télés, l’image du public apparaissant sur les écrans du violoncelle, images pouvant etre déformées modifiées par un aimant ou par le jeu d’interférence avec le son du violoncelle


   Nam June Paik TV Bra for Living Sculpture 1969 videotubes




Nam June Paik TV Bra for Living Sculpture 1969videotubes, televisions, Plexiglass, boxesvinyl straps, rheostat, foot switchescables, copper wire, cello


Nam June Paik, TV Cello, 1971, video tubes, television chassis, plexiglass boxes, electronics, wiring, wood, fan, photograph, Collection Walker Art Center, Minneapolis, formerly the collection of Otto Piene and Elizabeth Goldring, T.B. Walker Acquisition Fund, 1992.


Charlotte Moorman – Nam June Paik Concerto for TV Cello and Videotapes » (1971)
Charlotte Moorman (18 novembre 1933 – 8 novembre 1991) est une violonceliste américaine.

Concert de Nam June Paik et Charlotte Moorman au Concert Hall de dusseldorf  1967

 Nam June Paik (1974), Paik places a statue of Buddha across a CCTV, looking at himself through a TV monitor.


 Nam June Paik, Reclining Buddha, 1994, 2 color televisions, 2 Pioneer laser disk players, 2 original Paik laser disks, found object Buddha, 20 X 24 X 14".


Nam June Paik, Buddha, 1989, © Estate of Nam June Paik, Collection of the ZKM Centre for Art and Media Karlsruhe, Photo: EnBW/ Steffen Harms.


Nam June Paik est un asiatique , en ce sens ses performances contestent les valeurs de la tradition dite bourgeoise pour faire émerger la sensation éphémère de la vie

Untitled 1993 Medium Player piano, fifteen televisions, two cameras, two laser disc players, one electric light and light bulb, and wires Dimensions Overall approximately 8' 4" x 8' 9" x 48" (254 x 266.7 x 121.9 cm), including laser disc player and lamp


Nam June Paik, Chinese Memory, 2005, single-channel video installation with 21" television, television cabinet and antenna with additions in acrylic paint and permanent oil-based markers, stacked books, Chinese scroll and phonograph cover, color, silent, Nam June Paik Estate.


Wolf Vostell et Nam June Paik font un travail de “ déconstruction “ de la télévision et s’attaquent directement à son pouvoir de monarchie absolue en tant que prise de possession du cerveau des téléspectateurs, et sa fonction de stimulant manipulateur de consommation.
En attirant le poste de télé sur les territoires de l’art ils soumettent cet élément de la vie quotidienne mondialement partagé à une manipulation esthétique liée à une dimension politique critique.


Nam June Paik, Zen for TV,  1963-1975, © Estate of Nam June Paik . Photo: Photo © MUMOK Museum moderner Kunst Stiftung Ludwig Wien.


d’autres artistes suivront sur ce chemin de l’utilisation de ce médium pour contester son impact de média:
en 1971 Douglas Davis retoune un poste de télévision allumé contre le mur dans une installation intitulée “ Images du temps présent “ , il réduit ainsi la télévision à une source de lumière qui se projette sur les murs et non sur les visages, le geste de Davis est clairement critique, en retournant l’objet, en le mettant au coin, en le mettant au ban, il le rend infonctionnel, l’image diffusée est illisible.
mais cette illisibilité profite à la lisibilité de l’objet télévision qui devient un meuble diffusant de la lumière, animant un mur, habillant une surface comme un élément décoratif

CLIQUER ICI POUR VOIR LA VIDEO DE DOUGLAS DEVIS



Douglas DAVIS en train de retourner la télé, extraits de la vidéoTemps Présent , 1971



en 1969 déjà, Jan Dibbets et Gerry Schum réalisent une installation intitulée “ TV as a fireplace “ la télévision comme cheminée, qui donne à voir l’image d’un feu de cheminée entrain de se consumer.ce film sera diffusé sur une chaine de télé allamande à la fin des émissions entre le 25 et le 31 décembre 1969 par tranches de 3 mn, âme du foyer moderne la télévision allumée apporte chaleur et lumière électriques au coeur de l’espace privé
 Jan Dibbets et Gerry Schum  installation intitulée “ TV as a fireplace “ 1971

lorsque nous marchons dans la rue , en ville, la nuit, nous pouvons percevoir les variations de saccades lumineuses qui se dégagent des fenètres et qui illuminent les intérieurs des appartements, la télé “ éclairent “ les gens, les espaces la présence lumineuse de la télévision
la télé comme source de la lumière, comme source éclairante des foyers
en matière d’art dans la modernité , le médium est toujours le message, comme le signifiant est le signifié car il ne renvoie qu’à lui- même dans le sens ou il n’est pas là pour représenter ou recopier quoique ce soit de l’extérieur, la télévision est née de la modernité et à ce titre elle hérite de conceptions esthétiques qui préfèrent explorer les spécificités techniques des supports plutôt que les modes de représentation.
si la télévision a pu être considérer comme un médium impur parceque capable d’intégrer l’hétérogénéité des images, c’est en revanche dans une homogénéité indiscutable que cette diversité est diffusée.
c’est l’ homogénéité de la diffusion en flux continu qui constitue l’ aspect essentiel du médium comme trait spécifique du modernisme tel que l’a défini Clément Greenberg :
“ Devant la télévision, c’est le spectateur qui est écran, il est bombardé d’images sous forme d ‘impulsions lumineuses, ..... et la douce lumière bleutée electronique baigne de ses nappes caressantes les visages focalisés parle fait que la télé porte en elle même son propre spectacle comme la bougie de Georges de La Tour répand sur les visages des personnages la lumière transcendante de la foi chrétienne

 Dan Graham, Video Projection Outside Home, 1978, mixed media, 9 × 30¼ × 20 inches.


en 1978 Dan Graham réalise une installation consistant à vidéo projeter à l’extérieur d’une maison le programme de télé regardé à l’intérieur


en 1983 Bill Viola réalise “ Reverse Television, portraits of viewers “ 44 portraits de 30 secondes chacun diffusé sur la chaine de télé WGBH de Boston pendant 15 jours du 14 au 28 novembre ; ce projet a pour objectif de casser la continuité de la programmation par l’ouverture de “ fenêtres “ sur la face cachée de la télévision, c’est à dire les téléspectateurs eux même. plans fixes et silencieux reflétant la diversité d’âge et de condition sociale des téléspectateurs , assis dans l’espace privé de leur salon , le regard frontal car l’objectif de la caméra est placé à l’endroit même du poste de télévision

  1983 Bill Viola  Reverse Television, portraits of viewers




.l’arrivée de ces images n’est pas annoncée: pas de titre ni avant ni aprés , simplement un effet de décrochage visuel et sonore qui a pour but de mettre face à face le téléspectateur avec une image possible de lui-même, reflexion ouvrant sur une prise de conscience de la condition de reflet dans le miroir des téléspectateurs devant le dispositif télé qui uniformise les gens par opposition à l’effet produit par le cinéma





1983 Bill Viola  Reverse Television, portraits of viewers

La télévision comme média fonctionne en créant cette illusion de la réalité et du direct:
il est important de dire que la télévision depuis ses débuts en 1950 jusqu’à 1960 n’a été que directe, car le magnétoscope , donc la possibilité d’enregistrer une bande n’arrive qu’en 1960, pendant environ 10 ans la télévision captait et retransmettait en direct sans garder trace des images sauf certaines sur support film
mais maintenant ce qui est soi disant transmis en direct sur une chaîne de télé est produit avant d’être transmis , l’image n’est pas une reproduction fidéle et intégrale , elle est cadrée , pensée , formatée,
ce qui fait dire à Jean Luc Godard “ la télévision diffuse , elle ne produit pas, et finalement c’est tout le temps la même image , en gros c’est un égout , la télévision, un tube qui charrie des signaux , le principal étant de remplir le besoin, je dirais même le besoin de désir des gens, la télévision fabrique de l’oubli alors que le cinéma fabrique des souvenirs “
cet effet de remplissage est devenu le signe de la boulimie des téléspectateurs, le problême étant qu’elle substitue un effet de réel à un réel dont elle ne peut ni ne veut propôser une véritable expérience




 Godard, Jean-Luc, «Histoire(s) du cinéma», 1988 – 1998 ©  - as TV series/video essay - was made for Canal+, ARTE and Gaumont, from 1988 to 1998


 Godard, Jean-Luc, «Histoire(s) du cinéma», 1988 – 1998 ©  - as TV series/video essay - was made for Canal+, ARTE and Gaumont, from 1988 to 1998

ce gage de vérité induit par la technique s’étend au média par analogie et c’est finalement toute production télévisuelle qui se voit attribuer cette valeur de vérité, cette “ haute fidélité “ du médium / média par rapport au réel, s’accompagne de cette phrase “ a oui ça c’est vrai onl ‘a vu à la télé “
la télévision comme sérum de vérité
on voit bien sur comment tout pouvoir peut tirer parti d’ un tel dispositif: diffuser la vérité au plus grand nombre
et c’est contre ce pouvoir dominateur et contre ses illusions d’une vérité unique diffusée par un pouvoir centralisateur et normatif que les résistances des années 60 s’organisent, mélant les artistes, les écrivains, les philosophes, et les mouvements militants d’ extrème gauche ainsi que les courants libertaires sans dsicrimination , une télévision nouvelle est à inventer, une utopie pleine de promesses démocratiques qui ne verra pas le jour mais aura servi à questionner la puissance de la télé et créer alors une utilisation créative et libre de la vidéo

nous allons reprendre içi quelques dates importantes dans l’histoire de la télé, de la vidéo et de l’ordinateur


les dates principales

en 1848, période de la révolution industrielle, un mathématicien anglais nommé Charles Babbage conçoit à londres, le ” Moulin “ machine à calculer à cartes perforées, ancètres de l’ordinateur
1923, invention du tube cathodique
1926, démonstration d’un appareil de télévision à Baird en Angleterre
1936, premier emetteur de télévision, année ou eu lieu à berlin durant les jeux olymiques, la première retransmission télévisuelle d’importance
1937, Howward Aîken conçoit une calculatrice électronique
1940, premières expériences de la télé couleur
1941 mise en place des systèmes de diffusion télévisuels actuellement en usage, USA
1943, mise au point de l’ordinateur Colossus en Angleterre
1946, “ l’eniac “, calculateur électronique créé aux USA
1949, première sortie graphique issue d’un ordinateur numérique MIT USA
1950, premier ordinateur couplé à un tube cathodique
1951 mise en place des systèmes de diffusion télévisuels actuellement en usage, FRANCE
1953 la télé coulleur nait aux USA,système NTSC, suivi en 1966 des systèmes PAL et SECAM
1958, les ordinateurs se dotent de dispositifs interactifs
1960, mise en place du système d’enregistrement d’images vidéo sur magnétoscope
1963, synthèse d’images, premiers logiciels graphiques, Ivan Sutherland, USA
1965, Sony introduit sur le marché le premier matériel vidéo demi pouce, noir et blanc,
une unité de prise de vue légère et bon marché, le Portapak, qui permet aux artistes de produire des images de manière plus autonome, d’etre responsable de la réalisation, mla prise de vue, la post production, d’autres lieu de diffusion vont donc être inventés et d’autres mode d’exposition vont se développer, débordant le format étroit de l’écran télé et de son
mode de diffusion
( Source Vidéo un art contemporain Françoise Parfait )

Les installations lumineues de James Turrell “ Ming “ et la série Magnetron , le téléviseur sert de lumière d'ambiance

Pour la série Magnetron que James Turrell.(1943) a réalisée pour le " Motel Art " de Starck,

les télévisions sont utilisées comme source de lumière monochrome.  


 

James Turrell.(1943)
MAGNETRON SERIES: PANCHO 2000.
television installed within a wall, tuned to a specific channel, with an installation manual
250 (H) by 200 by 100 cm., 98 1/2  (H) by 78 3/4  by 39 3/8  in. (dimensions variable depending on the exhibition space)



James Turrell.1943
MAGNETRON SERIES: Ming, 2000.




pour terminer ce parcours de l’histoire entre la télé, les artistes et la vidéo, écoutons
l’artiste video Soun Gui Kim , née en 1946 en Corée vit en France depuis 1971
“ la video dont je parle n’est pas la video en tant que langage qui impose sa propre limite par son aspect technologique et communicationnel, mais pour moi la vidéo c’est le vide et c’est l’eau, et je comparerai la video à un récipient , ce mot est synonime de la plénitude dans la pensée taoiste, mais c’est le vide qui en permet l’usage dit Lao tseu, c’est donc de ce récipient vide dont j’essaie de faire bon usage “

 2013 Beating the market : Soun-Gui Kim in dialogue with Cage, Derrida, and Nancy,
Soun Gui Kim fait des moules en latex de poste de télévision, qu’elle remplit d’eau, qu’elle met ensuite dans des gros congélateurs, quand la glace est prise, elle démoule et expose ses télé bloc de glace qui fondent doucement en une immense flaque d’eau dans laquelle les gens se reflètent durant le temps de l’exposition



Quel est le statut de la vidéo?
La vidéo bénéficie d’un statut particulier aussi bien d’ un point de vue historique
qu’esthétique,ce statut particulier est celui d’une position “ d’entre deux “, d’intermédiaire, “ intermède “entre le cinéma qui a acquis ses lettres de noblesse et dont ses meilleures créations appartiennent au grand art entre le cinéma et l’informatique, qui sans avoir produit de véritable esthétique semble ouvrir des perspectives d’absorbtion généralisée et répandre des modes de pensée dépassant largement le champ de l’art et celui des images en particulier
comme si la video n’était qu’une parenthèse fragile et transitoire, marginale entre deux univers d’images à tous points de vue forts et décisifs
c’est grace à ce manque de lieu et de définition que la vidéo est un outil particulièrement adapté à la diversité des pratiques artistiques contemporaines
entre apparition et disparition c’est “ l’ entre deux ontologique de la vidéo “ que les premiers artistes vidéo ont senti dés le début : mais cette notion d”éphémère, de transitoire est une préoccupation qui traverse le champ de l’art tout entier et c’est pour cela que la vidéo par ses caractéristiques disparaissantes a été tellement prisée et considérée comme l’outil le plus apte à traduire l’esprit du temps .
entre deux? qu’y a t - il entre deux choses?
un espace , un vide
reprenons la traduction du mot vide en latin
le mot vide se traduit par vacuus qui veut dire : vide, inoccupé, mais aussi qui n’a pas de sens ou de valeur et veut dire aussi, libre, sans maitre

en latin video, verbe videre, veut dire,voir percevoir par la vue aussi voir avec les yeux de l’esprit, par la pensée, par l’imagination, réver, et aussi, remarquer, constater, comprendre
c’est donc “ voir, avec les yeux de l’esprit, à la fois réver et comprendre “
donc les deux définitions des mots Vide et Video combinées nous donnent
dans cet espace inoccupé, qui n’a pas de sens et qui est libre sans maître
comprendre en rêvant avec les yeux de l’esprit à partir de quelque chose que l’on voit