175-ANN HAMILTON " THE EVENT OF A THREAD "

Ann Hamilton , née à Lima, Ohio, en 1956, " The event of a thread ", Park Avenue Armory • New York, November 11, 2011-March 25, 2012

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Ann Hamilton est une artiste visuelle internationalement reconnue pour les environnements sensoriels de ses installations multimédias à grande échelle. Interagissant avec les lieux où elles sont réalisées ses installations plongent les spectateurs dans une poésie à la fois viscérale et littéraire,dans cette installation " The event of a thread "

sont synthétisés matières palpables et matières immatérielles, tissus, textes parlés et écrits, animaux et personnes suspendues ou en mouvement .
Née à Lima, Ohio, en 1956, Hamilton obtient un BFA en design textile de l'Université du Kansas en 1979 et un MFA en Sculpture de l'Ecole d'Art de l'Université de Yale en 1985. Hamilton reçoit une bourse MacArthur, Guggenheim Memorial Fellowship, NEA Visual Arts Fellowship, United States Artists Fellowship, Prix Heinz, et a été choisi pour représenter les États-Unis à la Biennale de Sao Paulo en 1991 et à la Biennale de Venise en 1999. En 1992, elle a établi sa maison et pratique à Columbus, Ohio. Elle est actuellement professeur émérite d'art à l'Université d'État de l'Ohio.

Ann Hamilton , née à Lima, Ohio, en 1956, " The event of a thread ", Park Avenue Armory • New York, November 11, 2011-March 25, 2012

L'installation d'Ann Hamilton met en relation le texte et le textile, c'est un immense métier à tisser où les êtres humains sont à la fois les tisserands et les navettes actionnant la haute lisse de l'invisible métier, le rythme du balancement met en mouvement, donne vie à la blancheur du textile, accompagné du vol des pigeons qui à l'écoute des textes lus participent à l'envol reliant le tout à l'espace de l'Armory

Ann Hamilton , née à Lima, Ohio, en 1956, " The event of a thread ", Park Avenue Armory • New York, November 11, 2011-March 25, 2012

Même si Hamilton a étudié le design textile , elle a décidé de se concentrer sur la sculpture plutôt que sur le tissage comme durant ses études supérieures. Elle prétend que, lorsqu'elle a pris cette décision, elle était «intéressée par les relations entre les choses dans l'espace. » Au Canada, et pendant qu'elle enseignait à l'UC Santa Barbara, Hamilton a commencé à relier son expérience du textile à la photographie et à la performance, créant un dialogue artistique interdisciplinaire qui est Il est évident dans son travail, «tisse» souvent différents éléments en une seule image ou inclut des textiles comme des chemises pressées ou des uniformes de travail. En plus de ses études, son identité personnelle et ses intérêts influencent directement sa création artistique. Elle s'identifie comme un lecteur : de l'espace, des objets, de la critique littéraire, de la poésie et même des dictionnaires; ainsi, l'acte de lire, les mots et les livres font souvent leur chemin dans ses installations, vidéos et objets créés.

Ann Hamilton , née à Lima, Ohio, en 1956, " The event of a thread ", Park Avenue Armory • New York, November 11, 2011-March 25, 2012

Pour cette installation, l'artiste impliquait l'utilisation de radios dans des sacs en papier que les téléspectateurs pouvaient transporter; l'audio sur ces radios a été diffusé par deux acteurs de la compagnie de théâtre SITI qui ont lu des sélections de textes par différents auteurs à une extrémité de la pièce. À l'autre extrémité, un écrivain s'est assis à un bureau, en écrivant des phrases. L'œuvre a changé jour après jour; les murmures, les coups de téléphone, les rires des spectateurs, les bruits de lecture, d'écriture et de roucoulement des pigeons remplissaient l'espace de sons, tandis que le balancement des spectateurs balançait le rideau. Le public a pu expérimenter l'espace de différentes façons: en se balançant, en regardant à travers une fenêtre, en se couchant par terre ou simplement en traversant l'exposition.

Ann Hamilton , née à Lima, Ohio, en 1956, " The event of a thread ", Park Avenue Armory • New York, November 11, 2011-March 25, 2012

" Écrire et broder, imprimer et tisser. Dès les origines de la production des textes et des images ces couples conceptuels ont correspondu à des échanges d’objets et de pratiques entre l’univers du livre et celui de l’étoffe : alphabets à broder pour l’apprentissage de la lecture, reliures en tissu – vêtement habituel du livre de luxe –, textes et images circulant du tissu au papier, depuis les premières impressions à la planche de bois jusqu’aux « indiennes » qui ont fait la fortune des imprimeurs d’étoffes et les inscriptions qui ont envahi la mode contemporaine. Parallèlement, les représentations symboliques unissant le livre et l’étoffe comptent parmi les plus fortes de notre culture et ont marqué l’histoire littéraire de l’Europe. Révéler la trame du texte, l’occulter, la défaire, a été l’obsession des plus grands écrivains européens. Les points de vue ici abordés, largement pluridisciplinaires, considèrent les relations entre texte et textile, entre tissu et papier, non comme un aspect second, accessoire, de l’étude de ces domaines, mais comme élément premier et fondateur. Tel est le pari et l’originalité de ces travaux : poser que le texte n’est pas pensable sans le textile, de même qu’il n’y a pas de papier sans chiffon. "
Odile Blanc, historienne, spécialiste des pratiques vestimentaires et des tissus anciens, est responsable de la documentation des œuvres à l’Institut national du patrimoine à Paris.

Ann Hamilton , née à Lima, Ohio, en 1956, " The event of a thread ", Park Avenue Armory • New York, November 11, 2011-March 25, 2012

L'artiste Ann Hamilton combine la présence éphémère du temps avec la matérialité des éléments du vivant pour créer une nouvelle installation monumentale. Commandé par l'Armory, L'événement d'un fil fait référence à l'architecture du bâtiment, ainsi qu'aux rencontres individuelles et aux rassemblements qui ont animé sa riche histoire sociale. Son installation multi sensorielle, est une l'œuvre qui rassemble des lectures, des sons et des événements en direct dans un champ de balançoires qui invitent les visiteurs à se connecter à l'action de l'autre et à l'œuvre elle-même, mettant en lumière l'expérience du corps individuel et du collectif cela en faisant participer l'animal et l'humain. Installés à des bureaux des lecteurs lisent des textes aux pigeons et changent de textes à la fin de chaque journée, à ce moment là un chanteur sur le balcon de la salle d'exercices sérénade leur libération en vol. La chanson de chaque jour est proposée par Ann Hamilton

Ann Hamilton , née à Lima, Ohio, en 1956, " The event of a thread ", Park Avenue Armory • New York, November 11, 2011-March 25, 2012

"Il y a quelque chose qui arrive quand tu balances. Je suis sûr qu'il y a une explication neurologique pour le sens du plaisir que tu ressens et je pense que les gens adhère à ça. "

En 2012 au Park Avenue Armory de Manhattan, l'artiste Ann Hamilton discute de son installation, The event of a tread l'événement d'un fil qui occupait la salle caverneuse de l'Armory. Hamilton, dont les œuvres traitent souvent de la connexion entre le texte et les textiles, était sur place tous les jours durant l'installation. Pendant ce temps, elle a été en mesure d'observer les différentes façons dont les visiteurs se sont engagés avec les différents éléments, bien qu'interconnectés, de l'œuvre. Un film documentaire de l'installation The event of a thread a été réalisé par Ian Forster, il dit

" Si vous avez été assez chanceux pour avoir visité L'événement d'un fil, votre souvenir avant tout est probablement le rideau de soie blanche ondulante qui a divisé l'espace. Ensuite, vous pourriez vous rappeler les sensations que vous avez ressenties en vous balançant, ou peut-être la vue étrange de pigeons assis calmement dans des cages de nidification. Ou peut-être vous souvenez-vous des différents sons. Il y avait des bruits de choses que l'on pouvait voir, des gens qui riaient comme des oiseaux qui sautillaient sur leurs balançoires ou des battements d'ailes de pigeon. Et puis il y avait des sons étranges - des cloches lointaines et des voix étouffées provenant d'une série de sacs en papier placés au hasard dans tout l'espace - dont les sources étaient plus difficiles à localiser.

Un visiteur de "l'événement d'un fil" écoute une radio à l'intérieur d'un sac en papier. Production stills de la série Exclusive. © Art21, Inc. 2013. Cinématographie par Ian Forster.

Bien que ce film commence avec des séquences de «haut-parleurs» dans les sacs en papier de Hamilton, le film ne va pas dans le détail de ce qu'ils signifient ou les sons qui émanent d'eux. À l'intérieur de chaque sac se trouvait une radio transmettant la voix d'un «lecteur», un individu assis à l'entrée de la salle d'exercices récitant des textes de concordance aux pigeons.

Après notre entrevue avec Hamilton, elle nous a demandé de parler avec Gian-Murray Gianino, l'un des lecteurs et un acteur professionnel de la société SITI. Hamilton a fini par l'interviewer elle-même pendant que nous enregistrions. Leur conversation, extraite ci-dessous, explique ce qu'est un texte de mise en relation et met en lumière leur rôle dans l'installation.

L'acteur Gian-Murray Gianino interviewé par l'artiste Ann Hamilton. Production encore de la série Exclusive. © Art21, Inc. 2013. Cinématographie par Nick Ravich.

Ann Hamilton: Pourriez-vous commencer par dire ce que vous faites dans la pièce, l' événement d'un fil ?

Gian-Murray Gianino : Il y a toujours deux lecteurs assis à une table qui lisent un parchemin et il y a des cages de pigeons sur la table. Nous communiquons donc ces textes aux pigeons. Les textes sont glorieux, fabuleux et riches: Aristote, Darwin, William James, Emerson. Ils sont dans quelque chose qu'on appelle une concordance, que j'essaie encore de comprendre. Mais il a un mot spinal et il relie deux fragments différents du texte et les met ensemble avec des mots spinal différents comme "in, the, breath, or" de sorte que la chose que nous lisons est non linéaire, bien que nous puissions trouver un fil linéaire en elle. Il y a des lignes directrices sur la façon dont nous lisons, mais il n'y a pas de règles.

AH: Cela signifie qu'il est toujours vivant.

GMG : C'est la richesse de celui-ci. C'est mon processus en tant qu'artiste et en tant que quelqu'un qui ne parle que des mots. Je veux dire, c'est mon travail mais tout le monde le fait. Alors, qu'est-ce que votre cerveau va faire ou à quels mots êtes-vous attiré ou que font les pigeons qui vous amènent peut-être à quelque chose d'autre dans le texte? Je trouve mes rythmes habituels et ensuite j'essaie de m'éloigner d'eux et de me mettre au défi.

AH: A quel point êtes-vous affecté par le lecteur à côté de vous?

GMG : Il y a des gens avec qui vous allez avoir une affinité naturelle, que ce soit sur le plan rythmique ou tonal ou émotionnel parce que vous les connaissez. Et certaines personnes que vous ne connaissez pas, ce qui est excitant parce que c'est l'occasion de mieux connaître quelqu'un. Parce qu'il a été emballé et grandit, il est très difficile d'entendre cet autre lecteur à moins que quelqu'un ne vienne avec un sac et que vous entendiez la voix de la personne. Le lendemain de notre ouverture a été le jour le plus silencieux que j'ai lu ici, j'ai donc pu sortir du zen et jouer avec ces gens. Maintenant, comme il a été plus actif, il nécessite plus de rigueur pour continuer à trouver quelque chose dans le texte avec votre partenaire. Ça change constamment. Je ne dirais pas que n'importe quel moment a été le même.

AH: Je suis vraiment frappé par l'importance de l'écoute de la lecture.

GMG : Tout bon travail, toute bonne œuvre d'art sur quelque support que ce soit, est une conversation entre l'artiste et le spectateur, les autres artistes, l'espace, le tout. Cela me semble un exemple assez étonnant

Si l'on peut comparer The event of a thread avec Valley curtain de Christo , il est intéressant de voir que l'oeuvre de Christo se bat et lutte contre le vent et les éléments qui l'obligent à démonter son travail dans de brefs délais, alors que l'oeuvre de Ann Hamilton sollicite le mouvement, le demande, le provoque ,l'utilise comme principe unificateur entre le monde humain, le monde animal, le textile représentant la nature et le fil du texte qui relie et connecte l'ensemble .

Christo et Jeanne-Claude, communément Christo, est le nom d'artiste sous lequel est identifiée l'œuvre commune de Christo Vladimiroff Javacheff, né le 13 juin 1935 et de Jeanne-Claude Denat de Guillebon, née également le 13 juin 1935 à Casablance et décédée le 18 novembre 2009 à New York

Valley Curtain (rideau de la vallée) est réalisée à Rifle dans le Colorado entre 1970 et 1972

Valley Curtain est un rideau de nylon orange monumental (12780 m²) tendu entre les massifs de Grand Junction et Glenwood Spring. Sa largeur était de 381m, sa hauteur de 111m de chaque côté et de 55,5m au centre.

Valley Curtain (rideau de la vallée) est réalisée à Rifle dans le Colorado entre 1970 et 1972

Christo a réalisé cette oeuvre « Valley Curtain Rifle », dans un gouffre entre deux pointes montagneuses du Colorado. Il s’agit d’un grand rideau de 400 mètres de largeur, 50 mètres de hauteur, qui barre le regard sur la plaine. Ce rideau est formé par 309 bandes de tissus, 135 km de coutures. Le rideau est fixé à un câble, lui même fixé à quatre autres câbles superposés. Le tout est arrimé au sol par 10 tonnes de blocs de béton.
Cette installation aura nécessité 28 mois de travaux préparatoires pour les deux seuls jours d’exposition, 35 ouvriers spécialisés et 8 ingénieurs.
Christo compare le rideau à sa peau qui s’use, se déchire. Ce rideau est au final aussi fragile que l’enveloppe humaine, mais on peut également le comparer à la rigidité du rideau de fer.
La toile colorée se substitue au paysage même, créant un rapport avec la nature que l’on peut deviner.
Le 11 aout 1972 , après un jour d'exposition, un fort vent (100 km/h) imposait le «décrochage» de Valley Curtain.