262-RODIN " DESSINER, DÉCOUPER"


DESSINER, DÉCOUPER, EXPOSITION AU MUSÉE RODIN
Nous verrons dans ce mode opératoire de la découpe et du collage, le lien entre Rodin et Léonard de Vinci:


L’exposition Rodin, Dessiner, Découper, révèle au public près de deux cent cinquante dessins au sein desquels quatre-vingt dix ont pour particularité le découpage et l’assemblage de figures. Jouant de la mise en espace de ces corps, ce procédé révèle des silhouettes découpées audacieuses et un dynamisme d’une grande modernité. Cette exposition annonce un des modes d’expression novateurs du XXe siècle.
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« J’ai une grande faiblesse pour ces petites feuilles de papiers ». C’est ainsi que Rodin manifestait son attachement à son œuvre dessiné. Dès ses débuts, Rodin réalise – de façon indépendante de ses sculptures – des dessins qu’il exécute d’après le modèle vivant. Il présente ses dessins dans toutes les expositions qui lui sont consacrées, d’abord à Bruxelles, Amsterdam, Rotterdam, La Haye en 1899, puis Paris en 1900, Prague en 1902 ou encore Düsseldorf en 1904. Le musée conserve la majeure partie de cet œuvre dessiné, environ 7500 feuilles.

UN MODE OPÉRATOIRE INÉDIT : DESSINER, DÉCOUPER
Rodin soumet ses dessins faits d’un premier jet à diverses métamorphoses. Il décalque ses dessins, repère le trait qui lui convient, pose la couleur en utilisant l’aquarelle, découpe ses figures, les replace, les assemble à d’autres figures et construit progressivement un dispositif inattendu.

Dès ses jeunes années, Rodin procède au découpage de dessins et croquis qu’il colle dans des albums. Entre 1900 et 1910, il découpe une centaine de dessins de nus aquarellés qui sont le cœur de cette exposition. En les découpant, Rodin aime à les manipuler, les situer dans l’espace de multiples façons, les découper de manière volontairement approximative.

Il joue avec les petites figures de papier qui sont l’équivalent de ses figures en plâtre. En mettant en relation ces découpages avec le caractère tridimensionnel de la sculpture, les figures découpées apparaissent comme un nouvel « objet » entre le dessin bidimensionnel et la sculpture.

Dans une autre série, Rodin exécute à partir de ses figures découpées de véritables assemblages qu’il fixe lui-même sur un nouveau support, entrelaçant les corps dans une nouvelle composition. Dessinés et découpés, ces dessins ne sont pas de simples accessoires techniques : ils ont conquis leur statut d’œuvres à part entière. Le dynamisme des silhouettes annonce la modernité de Matisse.
COMMISSARIAT, Sophie Biass-Fabiani, conservateur du patrimoine

Dans ce mode opératoire de Rodin :" Rodin soumet ses dessins faits d’un premier jet à diverses métamorphoses. Il décalque ses dessins, repère le trait qui lui convient, pose la couleur en utilisant l’aquarelle, découpe ses figures, les replace, les assemble à d’autres figures et construit progressivement un dispositif inattendu. " nous pouvons voir la façon dont Léonard de Vinci détermine la disposition générale de ses œuvres grâce à ce qu'il appelle le componimento inculto («composition inculte»),

En effet les dessins recto/verso de VINCI pourraient être l'origine de ce processus de superposition par décalque, puis repérage du trait idéal, choix et découpe puis collage que l'on trouve chez les " modernes " : 
dans ses croquis, Léonard détermine la disposition générale des personnages grâce à ce qu'il appelle le componimento inculto («composition inculte»), une méthode de dessin exploratoire inédite à la Renaissance. Un brouillon instinctif qui laisse parler la main, superposant les idées et les lignes jusqu'à ce que le principal émerge ( voir l'article sur Le blog )35-LE RÔLE DU CROQUIS-1- LE CHEMINEMENT DE L'IDÉE À LA RÉALISATION
Dans les dessins préparatoires de ses peintures, Vinci dessine en passant et repassant aux mêmes endroits et superposant les tracés, il explore les capacités de son geste à trouver la forme justement rythmée, sa main finit par produire une tâche illisible dans ce chaos où rien ne se distingue plus mais où son regard perçoit dans le mouvement de la main, la forme cherchée, enfouie. Vinci marque alors cette forme au stylet et retournant la feuille, d'un trait net, il l'a rendue visible ( Étude pour Saint Anne, recto verso)

Léonard de Vinci. (Vinci 1452-Amboise 1519) Étude pour Sainte Anne, la Vierge et l'enfant, plume et encre brune, lavis gris sur papier, 26,7 x 20,1 cm, Coll. British Museum, Londres.RECTO
Léonard de Vinci. (Vinci 1452-Amboise 1519) Étude pour Sainte Anne, la Vierge et l'enfant,pierre noire sur papier, 26,7 x 20,1 cm, Coll. British Museum, Londres, VERSO




Léonard de Vinci. (Vinci 1452-Amboise 1519) Étude pour Sainte Anne, la Vierge et l'enfant, plume et encre brune, lavis gris sur papier, 26,7 x 20,1 cm, Coll. British Museum, Londres.RECTO


Léonard de Vinci. (Vinci 1452-Amboise 1519) Étude pour Sainte Anne, la Vierge et l'enfant, plume et encre brune, lavis gris sur papier, 26,7 x 20,1 cm, Coll. British Museum, Londres.VERSO


Léonard de Vinci. (Vinci 1452-Amboise 1519) La Vierge et l’Enfant, Ste Anne et St Jean Baptiste. carton (141,5x104,5cm) dessiné au charbon, à la craie noire et blanche, avec rehauts de blanc, au sfumato un peu estompé. Il est conservé à la National Gallery de Londres.

Léonard de Vinci. (Vinci 1452-Amboise 1519) Etude pour une Madone à l'Enfant avec le chat. XVe siècle, plume et encre brune sur papier. 13,2 x 9,6 cmColl. British Museum, Londres. RECTO

Léonard de Vinci. (Vinci 1452-Amboise 1519) Etude pour une Madone à l'Enfant avec le chat. XVe siècle, plume et encre brune sur papier. 13,2 x 9,6 cm, Coll. British Museum, Londres. VERSO


Ainsi jetées au recto et verso de la même feuille, les deux esquisses de La Vierge à l'enfant avec un chat, montre que dès 1481/1483 Vinci pouvait pratiquer de la sorte, après avoir au verso entrecroisé les lignes à la recherche de la configuration juste, il a retourné la feuille pour choisir le contour du dessin qu'il préférait. ( Arasse )
Rodin à l'image de Vinci montre son désir d'unité et de continuité entre les choses dans ses analogies entre le macrocosme de l'univers et le microcosme de la terre avec le corps humain. Et dans tous ses écrits, Vinci avait l'habitude de se parler en se tutoyant et en écrivant à l'envers . Nous pouvons alors penser qu'il est à la fois lui-même et spectateur de lui-même, il est lui et l'autre et cet autre peut être nous, dans ses textes il veut être clair et explicatif, Vinci est « enveloppant « il inclut toute chose en toute chose et nous fait participer à chacune des étapes de ses créations . Ainsi le fait Rodin chez qui chacune des œuvres contient la suivant sous forme de fragments et abatis en continuel composition, décomposition, superposition, recomposition . L’éternelle transformation du même, à l'infini .