140-L'ESPACE DE PRÉSENTATION


La présentation est une action, une manière de présenter quelque chose ou quelqu’un, le fait de montrer avec une mise en scène, elle implique la présence de quelqu’un où d’un ensemble de personnes. elle nécessite un lieu.

L’espace de présentation: les dimensions, l’échelle par rapport au spectateur. A l'image du foetus, depuis les origines " le spectateur est enveloppé par l'espace de l'oeuvre ". Cette enveloppe/espace est tel un vêtement indispensable à la mise en place de l'existence.

Ainsi la notion d'oeuvre qui entoure la personne en tant qu'espace indispensable, fait partie du processus créatif à l'origine de notre propre création . Ce lieu enveloppant est celui de la transmission du sacré, d'informations relatives au sacré


foetus de 2 mois



le diverticule axial de la Grotte de Lascaux, Dordogne, - 18000
la grotte de Lascaux est une des plus importante du paléolithique , ses peintures et gravures datent de l'époque du magdalénien ancien
Depuis les peintures rupestres de la Grotte de Lascaux - 18 000, la présentation des oeuvres interagit avec l’espace et enveloppe le spectateur à l’intérieur d’un lieu où les hommes ont peint une histoire liée au sacré, un message à transmettre, une connaissance à partager et surtout à protéger relative au monde animal et à ses rites . Cette transmission s'adresse aux générations futures.


La grande salle des taureaux la Grotte de Lascaux, Dordogne, - 18000


Cette relation, entre la présentation d’oeuvres à l'intérieur d'un espace qui englobe le spectateur dans une connaissance du sacrée, se retrouve avec les peintures murales des tombeaux égyptiens. Cette transmission s'adresse à un mort, les informations lui indiquent le ce qu'il faut faire pour que l'âme puisse transhumer vers l'au delà .
la tombe de Pachedou règne Ramsès II , site de Deir El Medineh - 1213
la tombe de Pachedou règne Ramsès II , site de Deir El Medineh - 1213
dans un vallon désertique de la montagne thébaine, en Haute-Égypte,face à Louxor, le site de Deir el-Médineh abrite les vestiges de l’agglomération et de la nécropole de la communauté d’artisans et d’ouvriers qui ont travaillé au creusement et à la décoration des tombes de la Vallée des Rois Les tombes royales ramessides  sont entièrement décorées, de l’entrée à la salle du sarcophage.
Le décor évoque le voyage nocturne du soleil, identifié au périple du pharaon mort dans l’au-delà. Sa traversée aboutira à la résurrection, semblable à celle le soleil qui renaît
chaque matin. Les parois des tombes royales sont constituées d’images et de textes mêlés, empruntés à différents livres funéraires. Ces livres sont des recueils de formules magiques, destinées à accompagner le souverain défunt dans tous les obstacles qu’il doit affronter dans le monde souterrain.

On trouve cette relation, entre la présentation de l’oeuvre dans un espace en lien avec le sacré et le spectateur, dans les basiliques, chapelles et cathédrales. Cette transmission s'adresse à tous " les croyants ", à travers les étapes de la vie d'un humain " Saint François " qui devient un saint , sont présentées les informations qui vont montrer à tous ce qu'il faut faire pour que l'âme puisse aller vers le divin après la mort .



GIOTTO DI BONDONE (1267/1337)La basilique Saint François d’Assise,

les fresques de la vie de St François, 1290 , la chapelle inférieure


On trouve cette relation, entre la présentation de l’oeuvre dans un espace en lien avec le sacré et le spectateur avec les fresques des villas de la Renaissance, VERONESE (1528/1588), les fresques de la villa Barbaro ( architecture du PALLADIO) 1559/1560, Maser .




le plafond de la salle de l’olympe, où les membres de la famille Barbaro entourés par les dieux de l'Olympe, observent et accueillent le visiteur
la Stanza di Bacco 
Au plafond une treille en lien avec les vignobles de la villa, symbole du vin et de l’agriculture, à coté Bacchus, Vertumne et Saturne, allongé dans le cieux, maitre du temps et du rythme des saisons. 
" Cette transmission du sacré s'adresse aux habitants de la villa, c'est à dire la famille Barbaro", qui est montrée à travers les fresques, en compagnie des dieux de l'olympe mais aussi de la chrétienté, cela du temps de son vivant . Nous avons cette progression, ou ce déplacement du sacré qui à la préhistoire s'adresse aux générations futures, puis en Égypte le sacré s'adresse au mort, puis à tous à travers un mort au début de la Renaissance, puis aux vivants à travers les dieux dans la Villa Barbaro, un peu comme si le sacré en enveloppant les humains dans l' espace de l'oeuvre, fait que celui ci s'incarne et devient la personne tout en la cotoyant. Nous avons alors ce lien qui s'établit entre l'espace de l'oeuvre, le spectateur, le sacré et le profane qui se cotoient comme dans La villa Falbala, et la Chapelle Rothko .


La villa Falbala de Jean DUBUFFET(1901/1985) à Perigny 1971/1979
Réalisée entre 1971 et 1973, la Closerie Falbala, ne fut réellement achevée qu’en 1976 après maintes améliorations d’ordre technique. Elle est entièrement revêtue de peinture polyuréthane blanche historiée de tracés noirs et occupe une superficie de 1610 m2. Les murs et le sol ont été réalisés en béton projeté.
Au centre de la Closerie Falbala se dresse la Villa Falbala (20 m x 15 m x 8 m de hauteur) réalisée en résine stratifiée (1971-1972).


 les peintures de Mark ROTHKO de la Chapelle Houston
Fondée par Jean et Dominique de Menil, la chapelle Rothko est un centre oecuménique. Cet édifice octogonal (1971, Philip JOHNSON)
Fondée par Jean et Dominique de Menil, la chapelle Rothko est un centre oecuménique. Cet édifice octogonal (1971, Philip JOHNSON) contient 14 oeuvres (1965-1966) peintes dans des tons noirs, dues à Mark ROTHKO( 1903/1970).


Fondée par Jean et Dominique de Menil, la chapelle Rothko est un centre oecuménique. Cet édifice octogonal (1971, Philip JOHNSON) Le plan contient 14 oeuvres (1965-1966) peintes dans des tons noirs, dues à Mark ROTHKO( 1903/1970).

Sur ce plan nous pouvons voir :

On entre par le sud par 2 entrées possibles, faisant face au nord ou
le panneau central est un triptyque qui situé entre les panneaux adjacents forment ainsi un second triptyque, puis à l'est et à l'ouest il y a encore 2 triptyques, et les 3 panneaux au sud forment également un triptyque . Nous avons ainsi une succession de triptyques soit en tant que tels, soit en combinaison de panneaux, cela crée une sorte de mise en abîme .
Cet ensemble de triptyques fait de panneaux continus ou discontinus crée un enchainement, une sorte de succession noire qui nous fait entraine, nous fait tourner et prendre tout l'espace et fait que celui nous prend et nous enveloppe de sa noirceur, calme et profonde. L'espace de la chapelle devient alors un polyptyque à 8 faces mais avec 5 triptyques et 14 peintures. Alors l'espace lui même est un autel enveloppé par un polyptyque . L'ensemble de l'espace et des peintures forment un polyptyque qui est à la fois toujours grand ouvert  de par sa position enveloppante constituant l'architecture et à la fois fermé car noir muet et sans fin . Ainsi l'information relative au sacré transmise par cette oeuvre enveloppant le spectateur est à la fois très présente et très silencieuse . Elle exprime le paradoxe du silence assourdissant du noir, du lieu, du sacré et de la présence du spectateur qui posé sur l'autel qu'est l'espace central de la chapelle, devient par absorption de silence aussi profond que le noir qui lui parle.


Ainsi est la raison des 2 entrées, on ne sort pas identique à ce que l'on était en entrant si l'on sort par l'autre porte que celle que celle que l'on a prise pour entrer, mais ce changement de sortie n'est pas imposé .