146-MARTIN MARGIELA, L’ÂME ANIMALE


L'humain et son âme animale

Jean-Joseph Carriès (1855–1894), plâtre patiné, 1885,  Atlanta ,High Museum of Art.

Ovide raconte une histoire selon laquelle on aurait demandé aux Muses et à Midas, roi de Phrygie, réputé excellent musicien (il avait été l'élève d'Orphée), d'arbitrer le duel entre le satyre Marsyas, joueur de flûte, et Apollon, joueur de lyre. Les Muses choisissent Apollon, tandis que Midas choisit Marsyas. Pour se venger, Apollon lui greffe des oreilles d'âne, qu'il tente de cacher sous sa tiare (le bonnet phrygien). Son serviteur, qui lui coupe les cheveux, découvre son secret et le trahit d'une façon originale : il creuse un trou dans le sable et y dit "Le roi Midas a des oreilles d'âne". Il rebouche le trou, mais des roseaux y poussent et disséminent à tous vents ce qui aurait dû rester caché.


Nous avons ce prolongement animal/homme dans les film "The cremaster " ou l'homme est réduit à son état testiculaire


Matthew Barney, américain , 1967. Cremaster  1994 (titre original : The Cremaster Cycle) est un cycle de cinq films d'art réalisés par Matthew Barney. Leurs durées varient de 41 min pour le plus court (Cremaster 1) à plus de trois heures pour Cremaster 3.

Matthew Barney, connu pour son cycle de cinq films, Cremaster réalisés de 1994 à 2002, dans lesquels il met en scène de manière surréaliste des danseuses, le Chrysler Building, des pilotes automobiles, etc., et s'interroge sur la non-différenciation des sexes, les cyborgs une humanité mutante. Ces cinq films sont prédominés par l'utilisation de matières malléables comme le plastique, la résine, la cire. Cremaster est le nom du muscle qui, contractant les testicules sous l’effet du froid ou de la peur, protège les spermatozoïdes des variations de température.
Sa dernière œuvre, intitulée Drawing Restraint 9, est sortie au printemps 2006. Matthew Barney et sa compagne de l'époque, la chanteuse islandaise Björk, sont les deux acteurs principaux du film, se déroulant sur un baleinier au Japon. Björk en a également composé la bande originale.


 Le Dadaisme et les assemblages comme processus de hasard révélateur


Jeune Satyre jouant de la flûte.
Villa Albani. Rome.

 Depuis la Nature morte à la chaise cannée (1912) de Picasso, suivie par la Roue de bicyclette (1913) de Duchamp, les collages et assemblages de Kurt Schwitters, les collages et assemblages d’objets surréalistes, le XXe siècle n’a pas arrêté de convoquer le réel dans l’œuvre.
Dès les débuts,
Rauschenberg proclame : « Je désire intégrer à ma toile n’importe quel objet de la vie. » (Entretien avec André Parinaud, op.cit.) Proche du Dadaïsme et de l’utilisation de l’objet de rebut comme principe de création propre à Schwitters, Rauschenberg s’en éloigne par les dimensions de ses œuvres qui, très grandes, envahissent l’espace du spectateur. « Je voudrais faire un tableau et une situation qui laisserait autant de place pour le regardeur que pour l’artiste. » (Ibidem.)
Si, dans un collage de Picasso, l’objet ou le matériel hétérogène s’insère dans la trame de la composition, dans les Combines, les objets sont à la fois pris dans un réseau qui les intègre et profondément reconnaissables, rejetés en tant que tels. Toute illusion picturale et l’idée qu’une œuvre d’art n’a qu’une signification s’en trouvent entravées. « Dans l’œuvre de Rauschenberg, l’image ne repose pas sur la transformation d’un objet, mais bien plutôt sur son transfert. Tiré de l’espace du monde, un objet est imbriqué dans la surface d’une peinture. Loin de perdre sa densité matérielle dans cette opération, il affirme au contraire et de manière insistante que les images elles-mêmes sont une sorte de matériau. » (Rosalind Krauss, « Rauschenberg et l’image matérialisée », in L’originalité de l’avant-garde et autres mythes modernistes, Macula, 1993).


Robert Milton Ernest Rauschenberg, né le 22 octobre 1925 à Port Arthur, Texas, et mort le 12 mai 2008 à Captiva, Floride, un artiste plasticien américain.
Monogram, 1955-59 
Freestanding combine
Huile, papier imprimé, reproductions imprimées, métal, bois, 
talon en caoutchouc et balle de tennis sur toile, avec huile sur chèvre angora 
et pneu sur socle en bois monté sur quatre roulettes, 106,6 x 160,6 x 163,8 cm

Monogram est un des plus célèbres Combines sur lequel Rauschenberg reviendra à plusieurs reprises avant d’arriver à la version définitive. Association incongrue, sur une sorte de tableau abstrait posé horizontalement, d’une chèvre angora au museau peint, ceinte d’un pneu d’automobile, et de différents collages allant d’une balle de tennis à différents papiers imprimés. Cette œuvre n’a rien des assemblages insolites des surréalistes, illustrant la célèbre phrase de Lautréamont : « Beau comme la rencontre fortuite d’un parapluie et d’une machine à coudre sur une table de dissection », et faisant appel à des associations inconscientes.
La combinatoire d’objets, d’images et de tracés de peinture ne vise pas, malgré le curieux entrelacs visuel de la chèvre et du pneu, l’unité perceptive, mais le morcellement. La chèvre restant, malgré le pneu qu’elle porte au cou comme un collier loufoque, irréductiblement chèvre et le pneu un pneu. La signification de l’ensemble en est atteinte.
Si le pneu renvoie à l’enfance de l’artiste habitant près d’une usine à pneus, l’association avec la chèvre empaillée pose question. Le titre Monogram rend ce montage encore plus énigmatique. Monogram, ou entrelacement de plusieurs lettres en un seul caractère, composé ici de l’enchevêtrement du bouc et du pneu. La lettre O du pneu passerait ainsi autour de l’animal pour faire un nœud rebelle au sens et à toute idée de beauté. Ready made (pneu) et animal empaillé coexistent en cette œuvre qui laisse, selon les souhaits de l’artiste, autant de place pour le regardeur que pour l’artiste.
( centre Pompidou )

Le lien avec un animal mort qui devient objet à greffer sur l'homme :

 'hoofs' par iris schieferstein, 2005

Pendant de nombreuses années, Iris Schieferstein a travaillé avec des cadavres d’animaux comme matières premières pour ses œuvres d’art. Elle rassemble les fragments ensemble et forme de nouvelles créatures donnant ainsi un nouveau visage à la mort.l'artiste allemande Iris Schieferstein considère la taxidermie comme une occasion de recréer, de former des créatures complètement nouvelles provenant de différentes parties animales, leur donnant ainsi un nouveau face à la mort. "C'est un peu comme jouer Dieu", dit-elle. Frankenstein est l'association que d'autres tirent de son travail.

iris schieferstein, 'vegas girl', 2009 pistolet à jouet, sabots de vache, fermeture à glissière


L'association de l'objet à l'homme pour relier le présent à l'époque primitive
Martin Margiela , 1957 Belgique, chaussures Tabi, Printemps-été 1989. Cuir peint, encre de feutre noir, bois.

Martin Margiela, né le 9 avril 1957 à Louvain, Belgique, est un couturier belge. Il est le créateur de la marque Maison Martin Margiela, devenue par la suite Maison Margiela. Martin Margiela a créé sa maison de couture Maison Martin Margiela en 1988. En 2003, la Maison Martin Margiela est rachetée par le patron de Diesel. En décembre 2009, Martin Margiela quitte l'entreprise qu'il a créée 21 ans auparavant
 Martin Margiela , 1957 Belgique, chaussures Tabi, Printemps-été 1989. Cuir laqué

 Martin Margiela , 1957 Belgique, chaussures Tabi, Printemps-été 1989.

Présentées lors du premier défilé du créateur Martin Margiela en 1989, les jika-tabis créent tout de suite l'événement. À mi-chemin entre le pied de cochon et le soulier surréaliste, celles que l'on appellera très vite "tabis" se voient alors rapidement adoptées par les gens de la mode. Déclinées au fil des saisons dans toutes les matières (aluminium, paillettes, plastique) et tous les formats (escarpins, ballerines, etc), créent cette univers hybride entre l'aspect primitif de la personne et sa contemporanéité



 Martin Margiela , 1957 Belgique, chaussures Tabi, Printemps-été 1989.

Martin Margiela , 1957 Belgique, chaussures Tabi, fille portant martin margiela hoof shoes photo par juergen teller



Porter la fourrure de l'animal, rejoint ce transfert de force et de pouvoir vers l'homme qui le porte comme dans les rites shamaniques

 Dans les célébrations de la communauté Zoulou les hommes portent la tenue d'apparat, qui se compose notamment d'un pagne en queues de singes ou de genettes, d'une ceinture en léopard, d'un couvre-chef garni de plumes d'autruches (souvent colorées) et surtout d'une sorte de cape portée sur le torse nu, de préférence en peau de léopard."La peau de léopard a de l'importance, elle symbolise le pouvoir",
"C'est comme être le roi", ajoute Sphiwe Cele, un mineur d'eMalahleni (nord-est), rappelant que ces peaux étaient à l'origine l'apanage de la famille royale et des notables.

Défilé Jean Paul Gaultier automne-hiver 1997-1998.

La pardalide est un vêtement sacré (de párdalis, panthère) c' est une peau de léopard, attribut traditionnel du costume sacerdotal de prêtre dans l'Égypte antique. Elle pend sur le dos, retenue par les deux pattes de devant nouées sous le cou, ou encore elle est jetée sur une épaule de façon que la tête ou l'une ou même les deux pattes de la bête pendent de chaque côté. On peut penser que les taches de la robe de l'animal symbolisaient les étoiles.