147-DANSE, DESSIN, LE CORPS A L’ŒUVRE


LES MOUVEMENTS DU CORPS SONT LES LIMITES D'OR DE L'HOMME COMME MESURE CRÉATRICE DE L'ESPACE

 Anne-Laure Wuillai devant Auto- Limitation 2014 . Dessin mural, limitartions corporelles ; mine de plomb et poudre de graphite . Dimensions à échelle humaine 1/1 . 9 x16x 20 pouces. Galerie Eva Vautier, Nice


Albrecht Dürer, 1471 à Nuremberg, où il est mort le 6 avril 1528, dessinateur, graveur et peintre allemand également connu comme théoricien de la géométrie de la perspective linéaire. "Quatre Livres" sur les proportions humaines. Cet ouvrage sera publié à titre posthume en 1528

 Kazuo Shiraga swinging from a rope as he paints with his feet for Life magazine photographers, Yoshirara Oil Mill factory, Nishinomiya, Japan, Ca. April 6-8, 1956


 Kazuo Shiraga swinging from a rope as he paints with his feet for Life magazine photographers, Yoshirara Oil Mill factory, Nishinomiya, Japan, Ca. April 6-8, 1956


Nam June Paik uses his head to create a line on a sheet of paper spread across the floor, November 30, 1961 in Wiesbaden.

Nan June Paik, interprétation de Composition 1960 N°10 de La Monte young pour Bob Morris (1962) Cette performance consistait en une interprétation personnelle de de composition 1960 N°10 de La Monte young dédiée à Robert Morris sur le thème : « Tracer une ligne droite et la suivre ». Paik plongeait la tête ; les mains et sa cravate dans un bol contenant de l’encre et du jus de tomate et traçait une ligne droite avec la tête sur une longue bande de papier déroulée sur le sol. Fluxus appréciait les actions simples afin de mettre en évidence la subtilité des gestes et tenter de réaliser la fusion entre l’art et la vie. La tête considérée comme la source de la pensée créatrice, devient un « marqueur » activement engagé dans le processus confus où se mêlent la matière et l’action.

Carolee Schneemann performing Tracking, 1973. ©2013 Artist Rights Society (ARS) New York. Photo: Peter Moore ©2013 Estate of Peter Moore/VAGA, NYC. corde, feuille de papier, fusain



Carolee Schneemann (American, born 1939)  Up to and Including Her Limits  1973-76.
Crayon on paper, rope, harness, and two-channel analog video with audio transferred to digital video courtesy the artist and p.p.o.w gallery, new york, dimensions variable

Jusqu'à y compris ses limites ( Up to and Including Her Limits  1973-76. ) était le résultat direct du processus de peinture physique de Pollock au travail....
Je suis suspendu dans le harnais d'un tailleur d'arbre sur une corde de manille de trois cents de pouce, une corde que je peux monter ou abaisser manuellement pour maintenir un moment dans la manière de dessiner - mon bras étendu tient des crayons qui tracent sur les murs environnants, accumulant sur la toile des Marques colorées.
Tout mon corps devient l'agenceur des traces visuelles, les vestiges de l'énergie du corps en mouvement ".

 Carolee Schneemann (American, born 1939)  Up to and Including Her Limits  1973-76. 
Crayon on paper, rope, harness, and two-channel analog video with audio transferred to digital video courtesy the artist and p.p.o.w gallery, new york, dimensions variable


Ana Mendieta (1948 - 1985)
Untitled (Blood Sign #2 / Body Tracks), 1974
© The Estate of Ana Mendieta Collection, Courtesy Galerie Lelong, New York 


Ana Mendieta
Au début des années 1970, Ana Mendieta a commencé à créer des silhouettes et des "sculptures du corps terrestre" avec principalement du sang, de la terre, du feu et de l'eau. En utilisant son corps comme outil, elle a créé des empreintes humaines dans la nature. Ses performances ont été documentées par films. Ana Mendieta a été la première à combiner les deux mouvements contemporains de l'art terrestre et du corps-art, aboutissant à des travaux portant sur les thèmes de la vie, de la mort, du lieu et de l'appartenance. L'usage rituel de Mendieta du sang, de la poudre à canon, de la terre et du feu est également lié à la religion cubaine de Santería. À l'âge de treize ans, Mendieta a été envoyée de Cuba aux États-Unis, où elle a été élevée dans des orphelinats. Sa recherche d'identité et son sentiment d'appartenance imprègne l'œuvre entière de Mendieta avec l’utilisation du corps comme mesure et comme médium.
 LES MOUVEMENTS DU CORPS QUI SE DÉPLACE DESSINENT LES RÉSEAUX DES LIENS QUI UNISSENT L'ESPACE  AUX ÊTRES
 Richard Long , Dusty boots, line Sahara, 1988


Dusty boots, line Sahara, 1988 fait partie de l'ensemble des travaux de Richard Long: Heaven and Earth, guide de la chambre: chambre 3, dont il dit :

" J'aime l'idée de faire quelque chose à partir de rien. Au milieu des années soixante-dix, j'ai commencé à penser que la langue et l'ambition de l'art étaient trop formelles et orthodoxes. Je pensais qu'il n'était pas engagé avec les paysages naturels qui couvrent notre planète, et ne se servait pas des expériences que ces lieux peuvent offrir. À partir de mon territoire d'origine et j'ai décidé de m'étendre de plus en plus loin, mon travail a essayé d'explorer ce potentiel. Je le vois comme l'art abstrait posé dans les espaces réels du monde. Ce n'est pas romantique, j'utilise le monde tel que je le trouve. Faire de l'art en marchant ou en laissant des traces éphémères ici et là est ma liberté. Je peux faire de l'art de façon très simple, mais sur une grande échelle en termes de miles et d'espace. Mon travail peut aller de faire un cercle de pierres, par exemple, simplement placer une pierre à chaque mille, ou porter une pierre d'un endroit à l'autre, ou tout simplement faire un travail uniquement en marchant, sans intervention ni déplacement.

Mon travail est complètement physique et personnel. J'ai marché ou escaladé sur le lieu de chaque sculpture. Je l'ai fait avec mes mains (ou mes pieds) et mon énergie à ce moment-là. Traverser un pays d'un océan à l'autre, par exemple, est à la fois une mesure de la terre elle-même - sa taille, sa forme et son terrain - et aussi de moi-même, combien de temps cela me prend à moi et pas à quelqu'un d'autre.
"

Henri Matisse (1869 - 1954) making paper cutouts in bed at his home in Vence, France, circa 1947.

A la suite d'une grave maladie surmontée en 1941, Matisse dont le corps est affaibli, décide d'utilisé celui directement comme outil de travail,  il est diminué et travaille en chaise roulante, il remplace alors le pinceau par des ciseaux : on lui prépare de grandes feuilles de papier colorées avec de la gouache, qu'il découpe directement, comme s'il sculptait la couleur et dont les formes jaillissent directement de son propre corps et de ses gestes.


Ignasi Aballí, Personnes, 2000-12
  Ignasi Aballí / BUS 2012
Ignasi Aballí (1958)
Le travail de Ignasi Aballí Personnes se compose d'une longue lignée d'empreintes de terre sales le long d'un mur. Elles ont été produites par l'artiste appuyé contre le mur et posant un pied nonchalamment contre celui ci. Le travail est également une chorégraphie, puisque le public est invité à le compléter en s'appuyant contre le mur et en laissant des traces sur le mur du musée blanc normalement intact. Aballí est intéressé par les problèmes d'absence et de disparition, et par les diverses manières de saisir le temps.


Paul McCarthy, Rubans en noir et blanc, 1970-75, © Paul McCarthy, courtoisie de l'artiste et Hauser & Wirth
Paul McCarthy
Les Black and White Tapes sont une compilation de ses 13 premières performances datées des années 1970. Cette sélection montre le développement des thèmes, la corporalité brutale et la notion de  performance qui ont marqué son œuvre. Comme Hermann Nitsch et les militants de Vienne, Paul McCarthy explore la perte de contrôle, mais sans les éléments rituels et avec des liens directs avec la superficialité hollywoodienne et la profusion matérielle. Ce qui est commun à Nitsch et McCarthy, c'est que la forme liquide (peinture) ne se limite pas directement à une toile, mais se déverse de manière à ressembler à des fluides corporels qui apparaissent tout à coup et partout de façon tragique.

Trisha Brown, It’s a Drawn / I live feed (2003)


Trisha Brown, It’s a Drawn / I live feed (2003) 


Trisha Brown, It’s a Drawn / I live feed (2003) 

" POUR QUE LE PUBLIC NE SACHE PAS QUE JE POURRAIS AVOIR CESSÉ DE DANSER"

Trisha Brown, danseuse et chorégraphe américaine, 1936-2017, Dans It’s a Drawn / I live feed  elle considère le papier au sol comme une scène où danser et elle implique tout son corps dans une chorégraphe génératrice de productions graphiques à échelle humaine. Le corps de la danseuse et sa gestuelle se déplacent à l'intérieur du dessin tout en générant celui ci par les mouvements des bras, des pieds, des jambes et les écarts du corps . De gros fusains entre les pieds ou les doigts des mains tracent les mouvement du corps, de ses déplacements, de ses arrêts, de ses piétinements, de ses traversées. La feuille au sol reçoit les traces de l’ensemble de ses mouvements. Les tracés plus ou moins épais, plus ou moins visibles, plus ou moins étendus dépendent entièrement de l’amplitude des gestes, de la sollicitation de parties du corps inhabituelles pour garantir un nouvel équilibre, un nouveau mouvement.


Le corps est l'unité de mesure créatrice d'un environnement qui laisse l’individu évoluer sans contrainte et qui génère des proportions de type universelles . Chacun avec son propre corps et sa propre gestuelle se reconnait dans une architecture immatérielle, où l’air est le matériau amplifiant la connexion entre l’espace et l’occupant . Enveloppés de leur sphère sans matière, les habitants de ces bulles rejoignent l’homme de l’Antiquité , qui se sent en harmonie avec le ciel, avec ses astres et ses constellations et qui au VIIe siècle, reprenant les idées platoniciennes introduit le terme de "microcosme" où le corps humain est considéré comme un monde en réduction dont chaque partie représente et correspond terme à terme à une partie de l'univers .