La cellule — du latin cellula « cellule de moine » — est l'unité biologique structurelle et fonctionnelle fondamentale de tous les êtres vivants connus. C'est la plus petite unité vivante capable de se reproduire de façon autonome.
Nous allons interroger la nature des matériaux qui servent à construire et à bâtir en architecture.
Pour ce faire nous allons d'abord parler de la matière et nous éviterons le premier écueil qui est celui de la séparation de la matière et de l'esprit, nous n'aborderons pas le sujet à partir de cet angle là.
La définition de la matière est que celle ci est la substance composant tout corps ayant une réalité tangible. La matière c'est aussi tout l'ensemble de la réalité qui compose la vie quotidienne mais aussi son aspect scientifique.
La matière c'est simultanément l'univers, le monde et ce dont il est fait, c'est le réel donc dans sa globalité mais sa connaissance passant par l'approche scientifique, la matère est alors son propre mode d'explication.
Le mot " matière " est alors inclue dans plusieurs définitions :
c'est la substance qui compose les corps dans le quotidien, la science et la philosophie .
c'est aussi la matière que l'on classe par discipline et activités, comme la français, l'anglais, les maths, c'est à dire tout type d'activité qui a une fonction d'information. La matière serait alors quelque chose qui nous informe, nous enseigne et nous transforme .
La matière est alors ce sur quoi se constitue la pensée ou l'action, on parle de " matière à réflexion "ou la matière est le contenu dont la mise en forme est raisonnée, elle est donc une substance sensible et une activité de la forme de la pensée.
La matière étant la substance de toute chose, elle l'est des raisonnements comme des corps, tout est matière ou effet de la matière .
Il y a alors la matière et sa mise en forme , la matière serait la base indéterminée tant qu'elle n'est pas mise en présence d'une forme et il n'y a jamais de la matière seule mais la matière et la forme dont elle serait indissociable. Cela a donné toutes les oppositions que nous connaissons type " La matière / esprit ou le pur / l'impur ou le féminin / le masculin, etc ..... les dualités variées que l'on trouve en philosophie et qui tendent à dématérialiser et spiritualiser le réel et font que la matière est le mal, l'instable, le changeant, l'indéterminé .......
Cela a donné deux grandes approches : la priorité de la forme sur la matière et la pensée matérialiste qui ne reconnait que l'existence de la matière ou tout ce qui est, est de la matière, l'être lui même et la racine de tout étant . L'esprit n'est pas une substance particulière mais un mode de l'unique et infinie substance qu'est la matière . La pensée est donc un des aspects de la matière elle même et entre elle et l'esprit il n'y a pas de différence de substance. Nous voyons dans le fonctionnement de la cellule humaine sa capacité a s'autogénérer et à se reproduire de façon autonome, son autonomie en fait un organisme vivant androgyne, la matière porte en elle sa capacité à se développer telle l'hermaphrodite .
Cet androgynisme de la matière serait donc l'essence même de sa constitution et de son processus d'évolution. Marx et Engels dans " L'idéologie allemande " ont écrit " C'est de la terre au ciel que l'on monte ici, le réel (nature et histoire) a son origine dans la matière, mais la matière s'articule de bas en haut, elle est le substrat de toutes les formes, ce substrat n'est pas inerte, la matière produit la vie qui produit l'histoire et simultanément elle produit la pensée pour les réfléchir, descendre dans la matière pour y chercher la vérité c'est voir la matière monter et engendrer ce qui est au dessus, c'est l'ascension sans fin de l'inférieur au supérieur, le développement de la matière vers des formes de plus en plus complexes jusqu'à la conscience . "
Tout est une étape de l'évolution de la matière, le supérieur s'explique par l'inférieur mais l'inférieur produit le supérieur, descendre dans la matière c'est assister à l'ascension de celle ci. Alors si la matière est le fondement dont le supérieur sort, la matière c'est " l'être " sans la nature et sans l'homme, et l'esprit et la pensée sont des réalités dérivées et secondaires. La matière est "l'être " sans vie, sans la vie de l'esprit, en ce sens la matière c'est la mort réelle, le silence et l'oubli, là où l'esprit est mémoire et conscience, la matière est l'inconscience et le sans mémoire et c'est le paradoxe de son éternité. La matière est immortelle et Lucrèce dans son " Traité de la nature des choses " écrit " Rien n'existe que la matière et le rien, seule la mort est immortelle et seule la matière est éternelle "
A partir de cette dynamique nous pouvons aborder le sujet ainsi :
si la matière est le substrat universel incluant la pensée qui n'est qu'une transformation venant du fait que la matière a la capacité de s'autogénérer, et est donc un état le plus complexe connu à ce jour de la matière ; alors la matière ne peut être considérée comme l'unique absolue car elle engendre ses propres transformations et ses propres changements et cela conduit à une philosophie des matériaux, à une matériologie c'est à dire à une philosophie de la technique et de la culture ( voir les ouvrages de Gaston Bachelard ).
Les matériaux issus de la matière sont donc une transformation de celle ci et ont alors une histoire qui peut caractériser les différentes époques et périodes de l’évolution humaine capables de produire des matériaux nouveaux .
L'étymologie latine est Materia, qui veut dire les éléments de la nature, les pierres, le bois, les métaux... le bois matériau privilégié a donné le terme materia, qui a aussi donné la mère, l'origine, la cause et le sujet, celle qui produit à partir d'elle même, la matière est ce dans quoi et d’où quoi l'on produit .
Nous allons alors pouvoir faire la nuance entre les matériaux de l'espace et ceux de la construction.
Et nous allons nous interroger : quelle est la nature de la matière qui sert à construire des bâtiments ?
cela à travers l'étude d'architectures de différents cultures et continents : l' Asie avec la Chine et la Japon, l'Europe avec l’Espagne et l'Italie
et à travers leurs des mises en œuvre technique et matérielles
VOIR LES ARTICLES RELATIFS A L'ARGUMENTATION QUI ONT SERVI DE RÉFÉRENCES :
Ordos Museum, Erdos, China , 2005/2011, Mad Architects, vue extérieure, Image Courtesy ShuHe
MAD ARCHITECTURS " INVISIBLE BORDER " MILAN SEMAINE DU DESIGN
installation view of MAD architect’s ‘invisible border’ suspended from the loggia of the cortile d’onore, Milan 2016 © designboom ,photographies by Moreno Maggi
Antón García-Abril, (Madrid, 1969), Trufa, 2010 sur la Costa da Morte en Espagne, photographies copyright Roland Halbe.
Kengo KUMA, 1954 Architecte japonais, Sunny Hills pâtisserie, Tokyo, Japon, 2013
Les matériaux ou la matière première constituant ces architectures sont une synthèse entre la matière de la pensée humaine et la matière de la nature:
pour le Musée de l'Ordos de Mad Architects, la matière de la pensée humaine sont la cellule à l'origine de la vie, l'âme des morts ou les ancêtres et l'histoire du peuple de l'Ordos, et la matière naturelle est le bouclier protecteur fait de métal .
pour Sunny Hills de Kengo Kuma, (le lien se fait entre le Musée de l'Ordos et sunny Hills par le bois utilisé aussi dans la Kourgane des peuples de l'Ordos ) la matière de la pensée humaine de Sunny Hills est la yourte, le nomadisme, la forêt et la nature donc le mode de vie des ancêtres aux origines, et la matière naturelle est le bois.
pour Trufa de Anton Garcia Abril, la matière humaine est l'harmonie de la mesure dorée, la matière naturelle est l'organique, le corps, le vivant, la matière des origines La terre.
pour La frontière invisible de Mad Architects, la matière de la pensée humaine est le ciel, le soleil, les nuages matière des origines avec la matière naturelle qu'est la membrane en film copolymère d’éthylène-tétrafluoroéthylène (ETFE), membrane recyclable .