« Tout est à base de climat érotique sans se donner beaucoup de peine. […] Cela remplace, si vous voulez, ce que d’autres écoles appelaient symbolisme, romantisme. Cela pourrait être, pour ainsi dire, un autre “isme”. […] L’érotisme était un thème, et même plutôt un “isme”, qui était la base de tout ce que je faisais au moment du “Grand Verre”. Cela m’évitait d’être obligé de rentrer dans les théories déjà existantes, esthétiques ou autres. »
M. Duchamp, Ingénieur du temps perdu. Entretiens avec Pierre Cabanne, 1967.
Grâce à son ami Ferdinand Tribout, futur radiologue, ou à son frère Raymond Duchamp-Villon, interne dans le service du professeur Albert Londe, M. Duchamp se sensibilise aux phénomènes de radiations extra-rétiniennes, à la question des fluides, des rayons X.
Cette double conjonction le conduit à entourer ses figures d’une aura, signe dit-il, « de ses préoccupations subconscientes vers un métaréalisme » (un au-delà de la réalité visible).
COSTUME DE LUMIÈRE POUR L'ÉTERNITÉ, DENKIFUKU ( ROBE ÉLECTRIQUE ) 1956-1999 DE ATSUKO TANAKA ' 1932-2005)
Membre du Gutai, Atsuko Tanaka élabore dès 1955 des œuvres en forme de costumes, parfois agrémentées par l’électricité. Ce double intérêt la conduit à réaliser et à présenter en 1956 son œuvre phare, dont le Mnam possède cette reconstitution récente : un vêtement entièrement constitué d’ampoules électriques et de linolites polychromes. Conçu pour être porté, son poids excessif impose qu’il soit toujours suspendu par le haut, y compris lorsque l’artiste s’y glisse comme dans une seconde peau. Le dispositif peut ainsi être à la fois interprété comme un assemblage, à travers lequel l’immatérialité de la lumière se manifeste, ou bien comme un véritable costume de scène. C’est à ce dernier usage que l’on doit sa popularité. Le Gutai donna en effet une représentation théâtrale en mai 1957 au Sankei Hall d’Osaka, puis une autre au Sankei Hall de Tokyo, en juillet de la même année. Denkifuku fut à cette occasion intégré dans un scénario qui se déroula à la manière d’un happening : l’artiste se dépouilla sur scène de plusieurs couches de vêtements ; lorsqu’elle eut fini sa performance, le vêtement de lumière surgit de l’obscurité et vint couronner la mise en scène. Au-delà de la notion de spectacle, l’habit mit aussi en avant une problématique basée sur le rapport au corps, et anticipa sur le paroxysme que connut cette notion dans l’art des années 1960. Enfin, les diagrammes réalisés pour la confection de cette œuvre détermineront largement la peinture ultérieure de l’artiste, qui s’en inspirera à partir de 1957-1958.
Alexandrina Pereira
Atsuko TANAKA(1932 - 2005) juste avant d'entrer dans sa robe Denkifuku (Robe électrique)1956-1999
Entièrement constitué d'ampoules électriques et de linolites polychromes, Denkifuku est également un costume de scène porté par l'artiste dans le cadre des représentations théâtrales de Gutaï en 1957 à Osaka puis à Tokyo. © Atsuko Tanaka
Atsuko TANAKA (1932 - 2005)portant Denkifuku (Robe électrique)1956-1999
Entièrement constitué d'ampoules électriques et de linolites polychromes, Denkifuku est également un costume de scène porté par l'artiste dans le cadre des représentations théâtrales de Gutaï en 1957 à Osaka puis à Tokyo. © Atsuko Tanaka
Atsuko TANAKA (1932 - 2005) portant Denkifuku (Robe électrique)1956-1999 éclairée
Entièrement constitué d'ampoules électriques et de linolites polychromes, Denkifuku est également un costume de scène porté par l'artiste dans le cadre des représentations théâtrales de Gutaï en 1957 à Osaka puis à Tokyo. © Atsuko Tanaka
Atsuko TANAKA (1932 - 2005) Denkifuku (Robe électrique)1956-1999
One of a series of Atsuko Tanaka’s Electric Dress worn by her brother at her studio, ca. 1957; © Ryoji Ito; Photo © the former members of the Gutai Art Association
Atsuko TANAKA (1932 - 2005) Denkifuku (Robe électrique)1956-1999
One of a series of Atsuko Tanaka’s Electric Dress worn by her brother at her studio, ca. 1957; © Ryoji Ito; Photo © the former members of the Gutai Art Association
Atsuko TANAKA (1932 - 2005) Denkifuku (Robe électrique)1956-1999
86 ampoules couleur, 97 linolites vernis en 8 teintes, feutre, câble électrique, ruban adhésif, métal, bois peint, boîtier électrique, disjoncteur, variateur
165 x 90 x 90 cm Poids : 150 kg
Reconstitution réalisée selon les directives de l'artiste et produite par la Galerie nationale du Jeu de Paume à l'occasion de la rétrospective Gutaï en 1999, d'après le vêtement d'origine conçu en 1956
Entièrement constitué d'ampoules électriques et de linolites polychromes, Denkifuku est également un costume de scène porté par l'artiste dans le cadre des représentations théâtrales de Gutaï en 1957 à Osaka puis à Tokyo.
Atsuko TANAKA (1932 - 2005) Denkifuku (Robe électrique)1956-1999
Atsuko TANAKA (1932 - 2005) Denkifuku (Robe électrique)1956-1999
ROBE DE LUMIÈRE , DENKIFUKU EST HABITÉE PHYSIQUEMENT ET SPIRITUELLEMENT PAR SA CRÉATRICE ATSUKO TANAKA ET PEUT ÊTRE MISE EN LIEN AVEC " LA MARIÉE MISE A NU PAR SES CÉLIBATAIRES MËME "
[DUCHAMP Marcel]. photographie BARUCHELLO Gianfranco
LA TRAVERSÉE DU GRAND VERRE. Paris, Au Fil de l'Encre, 1995; album in-4 en feuilles, sous étui. Édition originale de cet album limitée a 25 exemplaires dont 10 d'auteur comme celui ci, justifie par l’éditeur. Témoignage de Man Ray. 7 PHOTOGRAPHIES ORIGINALES TOUTES SIGNÉES PAR GIANFRANCO BARUCHELLO, représentant Marcel Duchamp devant La Mariée Mise a Nu par ses Célibataires, même, à Philadelphie en 1966.
La mariée mise à nue par ses célibataires, Même
( Le Grand Verre)
Marcel Duchamp, 1915-23
Huile, feuille de plomb, fil de plomb, poussière et vernis sur deux plaques de verre (brisées), chacune d'elles montées entre deux autres palques de verre avec cinq fils de verre très fins, de la feuille d'aluminium et un cadre en bois et acier
272,5 x 175,8
Philadelphia Museum of Art, Collection Louise et Walter Arensbergv
Exécuté sur deux panneaux de verre avec des matériaux de type industriels comme une feuille de métal, un fil à fusible et de la poussière, la création " du Grand Verre " est le résultat d'une combinaison extraordinaire de procédures métaphysiques, les volumineuses notes préparatoires de Duchamp, publiées en 1934, révèlent que son travail est destiné à faire le diagramme du progrès irrégulier de la rencontre entre "la Jeune mariée", dans le panneau supérieur et ses neuf "célibataires" réunis timidement au-dessous parmi une profusion d'appareil mécanique mystérieux. ( Le Grand Verre)
Marcel Duchamp, 1915-23
Huile, feuille de plomb, fil de plomb, poussière et vernis sur deux plaques de verre (brisées), chacune d'elles montées entre deux autres palques de verre avec cinq fils de verre très fins, de la feuille d'aluminium et un cadre en bois et acier
272,5 x 175,8
Philadelphia Museum of Art, Collection Louise et Walter Arensbergv